Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/79

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
VOYAGE

L’aîné des Mayburn ne put satisfaire la fantaisie de la bonne cuisinière : il lui promit seulement une nouvelle provision d’œufs pour le dîner, voire même du gibier.

S’emparant de son fusil et d’un sac muni de cartouches, il s’éloigna suivi d’O’Brien et de Hugues, en suivant le sentier qui longeait la falaise, en amont de la rivière.

Les trois explorateurs parvinrent bientôt, sous des massifs de plantes tropicales, à des sortes de marches de pierre qui leur donnèrent accès sur les sommets des falaises. Leur premier soin fut alors d’inspecter l’horizon, afin de se rendre compte de la position.

Ils furent aussitôt certains d’être arrivés sur la terre ferme, au milieu d’une baie dominée par des montagnes, au centre de laquelle coulait la rivière dont l’embouchure était défendue par des bancs de coraux. Par quel miracle providentiel, se demandait Arthur, avaient-ils pu échapper à une mort certaine sur ces récifs dangereux ?

Au delà des bancs de coraux, les jeunes gens se montrèrent des points noirs qui étaient indubitablement des îles semblables à celle qui leur avait servi de refuge après le naufrage du Golden-Fairy.

« Je voudrais bien voir notre père près de nous, s’écria Hugues. Regarde, Arthur, quels sont ces oiseaux blancs et jaunes. Mais, je ne me trompe pas : ce sont des kakatoès. Je voudrais bien lui en rapporter un.

— Laisse-moi faire, dit Gerald O’Brien, j’ai mon arc et des flèches ; je vais essayer. »

Tout en parlant ainsi, il visa un kakatoès aussi gros qu’une poule, et l’abattit avec la plus grande adresse.

« Que Marguerite et notre père vont être contents s’écria Hugues. Nous l’empaillerons.

– Et nous ferons rôtir sa chair pour y goûter, ajouta Gérald.

– Allons à la recherche des nids, fit Arthur, car il nous faut une provision d’œufs assez considérable. Un kakatoès est très gros, couvert de plumes ; mais, une fois « déshabillé », j’hésite à croire qu’il pût suffire à rassasier neuf personnes affamées. »

La « chasse » aux provisions fut très fructueuse ; non seulement les jeunes gens trouvèrent de nombreuses couvées de jeunes oiseaux, dont un grand nombre bons à manger, mais encore des œufs frais d’animaux de mer et de kakatoès.

En revenant au campement, les jeunes gens traversèrent des bois touffus sous lesquels on entendait un ramage très bruyant, preuve évidente qu’il y avait là une nombreuse société empennée, cachée dans les arbres. Mais aux nombreuses piqûres qu’ils ressentaient à leurs jambes, ils reconnurent aussi la présence de fourmis qui s’attachaient à leur chair et paraissaient ne pas vouloir abandonner cette proie nouvelle.

« Je suis d’avis de réparer les canots, dit Arthur, afin de remonter le plus tôt possible la rivière, sur les bords de laquelle nous trouverons d’amples provisions, et dont les eaux nous rafraîchiront agréablement. Nous risquons peut-être de rencontrer des naturels ; mais, à bord de nos embarcations, il nous sera plus facile de fuir leur atteinte que si nous étions à pied