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AU PAYS DES KANGAROUS

En effet, Wilkins parvint bientôt jusqu’au rivage, où il fixa le radeau à d’énormes pierres, afin que la marée descendante ne l’entraînât point.

Le convict montra ensuite à Hugues la façon dont il devait s’y prendre pour amener les canots à côté de son catimaron. Il se mit résolument à l’eau, afin de donner un coup de main aux passagers, et, grâce à ses efforts et à ceux du jeune Mayburn, tout se passa de la plus heureuse façon.

« Il y avait là-bas un vaste banc de sable, observa Wilkins, et j’ai eu grand’peur que le courant ne vous entraînât jusqu’à cet endroit. Mais nous voici tous sur la terre ferme. Qui eût dit que ces « cocottes » d’écorce nous amèneraient en bon port ! Bravo ! mon brave Jack, nous essayerons de construire un trois-mâts à la prochaine occasion. »

Wilkins se montra de la plus belle humeur, quoique très fatigué ; il déclara que Hugues Mayburn était un excellent matelot, et digne d’être promu dans la hiérarchie maritime.

Marguerite fit observer à voix basse à son père que le convict semblait réellement revenu à d’excellents sentiments, et qu’il y avait grand espoir de le ramener au bien.

« Où allons-nous maintenant ? demanda Max Mayburn à ses enfants.

— Nous y songerons après avoir pris notre repas, répliqua Hugues, tout en nous reposant à l’ombre de ces arbres. »

Chacun approuva cette motion, et, tandis que l’on préparait les provisions nécessaires, Arthur s’aventura dans le voisinage. À son grand désappointement, il découvrit, derrière une ligne assez étroite de mangliers, une vaste plaine aride et naturellement inhabitée. Cette vue n’était pas rassurante, mais du moins il n’y avait aucun danger à courir dans ces parages, si ce n’est celui d’être piqué par des milliers de cousins, qui paraissaient avoir fait élection de domicile sous les arbres.

Tout en mangeant à bouche que veux-tu des morceaux de canard rôti, les Mayburn et leurs compagnons firent des plans de campagne, et ils conçurent l’idée d’abandonner leurs embarcations pour continuer leur route à travers le pays.

« Voudrais-tu, mon cher ami, demanda Gérald à Hugues, venir avec moi de l’autre côté du désert afin de chercher un emplacement propice pour notre campement, loin de ces moustiques infernaux ?

— Que dis-tu de ce projet ? demanda celui-ci à son frère aîné.

— Je suis d’avis d’aller avec vous, car je ne me fie pas à votre légèreté. Jack et Wilkins resteront ici pour veiller sur notre père, ma sœur, Jenny et Ruth. C’est convenu mettons-nous en route. Hugues, donne-moi le fusil ; vous vous armerez, Gérald et toi, avec des épieux et des lances de bambous. »

En effet, les jeunes gens avaient apporté différents instruments de guerre et de chasse copiés sur ceux des indigènes qu’ils avaient trouvés sur la plage de leur île. Ils possédaient même des massues, ce que l’on appelle boomerang en Australie, dont les coups portés par les sauvages sont si rapides et si terribles.

Jack avait commencé la fabrication d’arcs et de flèches ; mais ces objets