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VOYAGE

chercherait un endroit favorable pour planter les tubercules, ne fût-ce que pour le bien-être de ceux que le malheur pourrait encore amener sur cette partie du globe terrestre.

« Allons ! allons ! ma bonne Wilson, faites-nous bouillir une certaine quantité de ces patates anglaises, ajouta-t-il ; nous manquons de pain, ces légumes vont le remplacer avantageusement. »

Ruth était restée sur la bordure du bois pour chercher un endroit favorable afin d’y élever un poulailler ; tout à coup elle accourut vers sa jeune maîtresse en s’écriant :

« Oh ! miss Marguerite, voyez donc la jolie source que je viens de découvrir. »

C’était là, en effet, une excellente nouvelle aussitôt miss Mayburn, Arthur et Jack se précipitèrent sur les traces de la jeune fille, et, au milieu des racines d’arbres, sous un épais buisson, ils aperçurent sourdre entre deux pierres une eau limpide, dont la mère source était probablement le lac des montagnes. Ce filet d’eau avait trouvé son issue par un canal souterrain s’ouvrant sur le bord de la mer, et il allait se perdre dans le sable de la baie.

« La source est bien faible, dit Arthur à Jack ; mais au moins nous de mourrons pas de soif.

– Qui nous empêche de creuser un bassin ? répliqua l’industrieux jeune homme. Pour cela il ne nous faudrait qu’une pioche ou une pelle. »

Jack se mit à réfléchir quelques instants : il ne se trouvait pas embarrassé pour si peu. Il songea à trouver quelque large coquillage qu’il lierait avec des écorces d’arbre à une longue tige fendue par le bout.

Ce plan ingénieux fut adopté par Arthur et ses amis, qui engagèrent Jack à fabriquer rapidement sa pelle primitive.

« Nous resterons ici, ajouta-t-il jusqu’à ce que nous ayons fabriqué une embarcation à l’aide de laquelle nous puissions nous risquer à la mer. Il nous faut de l’eau fraîche à tout prix. Allons donc à la recherche de coquillages. »

En revenant près du navire naufragé, les Mayburn retrouvèrent leur père accablé par la chaleur, et leur premier soin fut d’élever une tente pour le mettre à l’abri. Puis, en regardant autour d’eux, ils découvrirent sur les flancs du promontoire une sorte de grotte formée par deux rochers debout. Afin de boucher les parties exposées au soleil ils transportèrent des planches, de grandes feuilles de bananier et autres, à l’aide desquelles ils élevèrent un abri des plus confortables. Une voile suspendue à l’entrée de cette demeure improvisée complétait l’ombre et procurait de la fraîcheur.

À la marée basse, tout en cherchant des nids d’oiseaux, Hugues et Gérald longèrent le promontoire, et se trouvèrent tout à coup devant une ouverture par laquelle ils pénétrèrent dans une immense grotte que les vagues envahissaient à l’heure de la haute mer. En examinant avec soin cette profonde excavation, les jeunes gens découvrirent que le sol allait en montant et que l’eau laissait à sec la partie élevée de la grotte.

« Mon cher Hugues, dit O’Brien à son ami, ce serait là une vraie forteresse si nous étions menacés de quelque danger. Une fois là-dedans, un homme seul pourrait défendre l’entrée du gîte avec un fusil, fût-ce même à