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VOYAGE

— C’est convenu ; et maintenant parlons de notre déménagement, dit ensuite le chef des jeunes naufragés. Demain matin, tandis que Jenny Wilson fera cuire nos canards, nous préparerons les paquets à transporter. Ruth remettra les poules dans leur cage, et, après déjeuner, nous nous mettrons en marche. N’oublions pas qu’il faut nous lever de très bonne heure, de façon à éviter l’ardeur du soleil. »

Les naufragés songèrent donc au repos, et, suivant le programme, on se leva au point du jour. Il était important, cette fois, de ne rien laisser derrière soi, car Black Peter avait emporté le biscuit et la tonne d’eau, ainsi que la boite d’instruments de Jack et le fusil. Il ne restait, comme provision, qu’un peu de thé et de sucre que l’on ménageait avec soin.

On enroula la voile qui servait de tente, sans oublier les rames, et, chacun ayant pris sa part du fardeau, on se mit en route.

Nous n’accompagnerons pas les naufragés du Golden-Fairy sur le chemin découvert par les jeunes gens. Qu’il nous suffise de dire que la vue du lac d’eau douce et de ses habitants écaillés et emplumés émerveilla Max Mayburn, qui s’arrêtait deci delà pour cueillir une fleur nouvelle, ramasser une pierre minérale, ou examiner un arbre inconnu. Tous écoutaient en marchant le chant des oiseaux qui voltigeaient sur leurs têtes ou piaillaient dans les buissons.

« Il nous suffira pour nous instruire, mes enfants, dit sentencieusement Max Mayburn, d’admirer les lieux qui nous entourent et la riche végétation qui les couvre. Obligez-moi de me procurer, si cela peut se faire, les spécimens des œufs et des nids de tous ces jolis oiseaux. Je voudrais bien aussi tenir dans mes mains quelques-uns de ces chantres ailés tout en vie.

— Mais, cher père, nous n’avons pas de cage pour les mettre, objecta Marguerite.

— Je l’avais oublié, ma fille aimée ; allons ! n’y songeons plus.

— Attendez, mon cher monsieur Mayburn, je vais aller voir si je découvre un des nids de ces beaux cygnes noirs.

— Oiseaux rares, s’écria le vieillard ; mais ne prends pas cette peine, mon enfant ; le nid de ce cygne doit être fort grand et très encombrant. Nous verrons plus tard. Quelles sont donc ces plantes marécageuses ? demanda-t-il.

— Des roseaux, à l’aide desquels on fera d’excellentes flèches, répliqua Hugues en coupant un certain nombre de ces plantes. Qui sait si on ne pourrait pas également fabriquer des arcs avec ces bambous flexibles ? Nous sommes plus instruits que les sauvages, et nous pouvons mieux réussir qu’eux dans tous ces ouvrages ingénieux. Quand nous serons nantis de ces armes, il nous sera possible de tuer des oiseaux sans faire de bruit, et les méchancetés de Black Peter ne seront plus à craindre. — Essayons, avant de songer aux oiseaux, de nous procurer à dîner. Voyez les magnifiques poissons, » observa O’Brien en montrant à ses amis d’énormes habitants de l’onde qui ressemblaient fort à des perches.

Jack tailla en pointe quelques roseaux ; et dès que ces engins de pêche furent prêts, les jeunes gens commencèrent la pêche. D’abord leurs tentatives furent infructueuses ; mais après de nombreux essais ils parvinrent