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AU PAYS DES KANGAROUS

« Vite ! vite ! une corde ! nous avons trouvé une tortue, et Wilkins l’a retournée sur le dos de sorte qu’elle ne peut plus fuir à la mer. Elle est si énorme, que je ne sais si nous pourrons la traîner jusqu’ici.

— Dans ce cas, rendons-nous la-bas, répliqua Arthur : nous ne tenons point à rester sur ce rocher dénudé. Puisque vous avez découvert la terre d’abondance, rendons-nous-y. »

Chacun donna son assentiment à ces paroles, et, laissant sur le récif les tonneaux et les paquets les plus volumineux, les naufragés se contentèrent d’emporter les objets de première nécessité, et se mirent en marche en suivant Gérald, qui leur servait de guide.





CHAPITRE VI

Une charmante retraite. – La tortue.– Le royaume des moustiques. – Exploration à la découverte. – Le grand lac de l’intérieur. – La carcasse d’un navire naufragé. – Traces de pas sur le sable. – Retour au campement.


Après avoir marché pendant une demi-heure, à peine, les naufragés du Golden-Fairy parvinrent à un endroit de la côte couvert d’arbres touffus ressemblant fort à des banians dont le tronc et les branches se dressaient et s’abaissaient pour reprendre racine, de façon à former une sorte de colonnade. Du côté de la mer, ces arbres étaient dépourvus de feuillage, par suite des atteintes fréquentes du flux et du reflux. Toute cette végétation, vers la partie basse, se trouvait couverte d’huitres, et les amas de ces mollusques paraissaient hors de l’eau, car la marée était basse en ce moment.

Derrière ce bosquet sauvage, qui couvrait une partie de la montagne au pied de laquelle étaient parvenus les Mayburn et leur suite, on apercevait des arbres d’une grande taille ; on eût dit qu’une barricade impénétrable s’élevait à l’horizon, comme pour empêcher toute intrusion étrangère à l’intérieur du pays.

Arthur découvrit bientôt un charmant berceau de verdure, formé par les arbres aux branches pendantes ; il appela sa famille, en lui indiquant cet endroit comme bien préférable à la roche nue sur laquelle ils avaient abordé.

Les jeunes gens montrèrent alors à jenny Wilson l’énorme tortue couchée sur sa carapace, et attendant le couteau du sacrifice ils lui désignèrent l’innombrable quantité d’huîtres, ne demandant qu’à être ouvertes et mangées ; les crabes qui s’échappaient de dessous chaque pierre qu’ils relevaient deci delà, et les oiseaux qui, par volées, s’abattaient sur la plage ou venaient se percher dans les arbres.

« Il me semble, dit alors Jenny Wilson, charmée à la vue de cette abondance de provisions, que nous pourrions nous arrêter ici quelques jours, tant que durera le beau temps. L’important, c’est de trouver de l’eau fraîche.