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AU PAYS DES KANGAROUS

Le lendemain du jour où cette conversation avait eu lieu, les jeunes amateurs d’émotions durent être fort satisfaits. Une tempête émouvante avait succédé dès le matin au calme relatif dont ils se plaignaient la veille : l’Amoor dansait comme une coquille de noix. Le vent faisait rage les vagues se dressaient hautes comme des montagnes, et le mât d’artimon fut brisé comme du verre.

Il fallut carguer les voiles et se laisser aller au gré des flots ; la nuit vint, et la tempête durait toujours.

Les avaries étaient grandes, et les passagers de l’Amoor recommandaient leur âme à Dieu, tandis que le capitaine et les gens du navire faisaient des signaux de détresse que l’on n’apercevait pas de la terre.

Vingt-quatre heures se passèrent de la sorte. Enfin un navire parut à l’horizon, qui se dirigea sur l’Amoor désemparé, venant à son secours.

Ce navire se rendait à Melbourne, dans les parages duquel on se trouvait. Les capitaines des deux vaisseaux s’entendirent pour le prix, et le Sauveteur prit l’Amoor à la remorque.

Cette façon de voyager devenait plus lente, mais elle était plus sûre ; aussi, après deux jours de cette navigation, l’on entrait au matin dans le port de la capitale de l’Australie.





CHAPITRE III

Melbourne. — Les colons. — Les deux convicts. — Cruelle séparation. — Le navire Golden-Fairy. — La maladresse de Ruth. — Un mauvais équipage. — L’alarme. — Le navire en feu.


Les passagers de l’Amoor, harassés de fatigue, la plupart souffrants et malades par suite des émotions de ce quasi-naufrage qu’ils avaient subi, débarquèrent sur les quais de Melbourne avec un véritable sentiment de joie. Max Mayburn et sa fille, Mme Deverell et Mlle Emma, allèrent s’installer dans un hôtel très confortable de la ville, tandis que M. Deverell et ses engagés, aidés des jeunes Mayburn, restèrent sur le quai afin de surveiller la réception de leurs colis, et pour savoir si la tempête leur avait causé quelque avarie.

Les vagues avaient emporté un certain nombre de moutons, quelques vaches et un cheval de valeur ; le reste se trouvait en de très mauvaises conditions mais, au compte de M. Deverell, un court séjour à Melbourne devait suffire pour rendre la santé à tous ces animaux.

Deverell eut à chercher quelques hommes connaissant le pays pour le conduire à l’endroit où il avait obtenu sa concession, et aider son monde à commencer le défrichement. Il s’enquit ensuite d’un bon navire pour ses amis les Mayburn ; car l’Amoor avait subi de si nombreuses avaries, qu’il