Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
21
AU PAYS DES KANGAROUS

— À cela près, que la fleur dont vous parlez est inconnue sur le sol australien remarqua Max Mayburn.

— Vous avez raison, répondit Deverell ; aussi, pour ne pas commettre de bévue, ai-je apporté dans mes malles de nombreux paquets de graines de cette charmante fleur. Mon intention est de la propager dans toute l’étendue du pays ; j’espère cependant que ces « orgueilleuses » n’embelliront pas trop dans la plantureuse Australie.

— Je sais maintenant pour quelle raison vous souhaitez appeler la colonie la ferme des Marguerites, » observa Emma en regardant miss Mayburn.

Et chacun sourit à la réflexion sagace de la jeune fille.

Tels étaient les passe-temps de ces aimables voyageurs sous l’équateur tandis que l’Amoor poursuivait tranquillement sa route vers la mer du Sud. Quand le navire pénétra sur ces eaux vertes et sans orages, Max Mayburn passa son temps à étudier l’astronomie, dont Charles Deverell lui expliquait les merveilles.

Ce voyage commençait sous les plus heureux auspices, et tout concourait à le rendre agréable aux deux familles réunies par le hasard à bord de l’Amoor.

Les provisions étaient excellentes ; on servait chaque jour à table de la viande fraîche, des poissons fins, du pain du jour et du lait en abondance, et on joignait à cela de l’exercice, de la distraction, ce qui rendait l’état de santé des passagers parfait et sans malaise.

Chaque matinée était employée par les jeunes Mayburn et miss Emma à des lectures auxquelles présidaient M. Max et M. Deverell puis on étudiait la langue indoue. Le soir on se promenait, ou l’on se groupait vers l’habitacle pour écouter les histoires racontées par Edouard Deverell qui avait fait de lointains voyages et avait appris bien des choses.

On faisait quelquefois de la musique et l’on dansait sur le pont ; et quand, par hasard, le vent se levait et que le tangage était trop fort, lorsque le roulis faisait caracoler les plats et les assiettes sur la table, au lieu d’être de mauvaise humeur, chacun riait de ce contretemps.

Max Mayburn lui-même paraissait avoir retrouvé son enjouement habituel et repris confiance en lui-même.

Le navire l’Amoor se trouva, un soir, en vue de la ville du Cap de Bonne-Espérance, et Jenny Wilson fit observer à ses maîtres que, quoique l’on fut en plein mai, il faisait plus froid en ce moment qu’en Angleterre à pareille époque.

Quand on débarqua pour aller visiter la ville, il fallut forcément que la bonne femme endossât un châle, car il faisait très froid.

Les jeunes émigrants éprouvèrent un grand plaisir à parcourir le sol africain, à passer en revue les navires de toutes nations amarrés le long des quais, et à faire une excursion jusqu’aux vignobles renommés qui produisent ce vin exquis qui se vend au poids de l’or : le vin du Cap.

Tandis que ses amis et sa sœur Emma employaient ainsi leur temps, M. Deverell, aidé de ses bergers et de ses ouvriers, achetait du bétail et complétait les achats de toutes sortes pour la grande exploitation de l’Australie.