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VOYAGE

Marguerite écoutait et regardait, ébahie en présence d’aussi nombreuses richesses.

Le courageux colon conduisit ses amis vers un champ planté de vignes qui poussaient à merveille, et où des grappes en fleur promettaient une ample récolte.

« J’espère, dit-il, faire ici du vin de première qualité. Vous m’en direz de bonnes nouvelles. »

Il fallut des courses quotidiennes dans différents cantons du domaine pour inspecter tout ce qui avait été fait, et comprendre tout ce que l’on voulait faire.

Un jour, on traça les fondations de la maison destinée à être occupée par la famille Mayburn, et l’on mesura le terrain destiné au jardin et au verger. Jack se trouvait là dans son élément, faisant abattre des arbres, les équarrissant, les travaillant pour en fabriquer tables, chaises et meubles de toutes sortes.

« Quel bonheur, disait le brave garçon à Arthur Mayburn, d’avoir d’excellents outils et je suis sûr que Black Peter ne me les volera plus. D’autre part, le résultat de mon travail ne sera pas perdu, comme l’étaient mes canots, mes cabanes, mes arcs et mes flèches.

— Et nous ne verrons plus devant nous ces tribus farouches de noirs, ajouta Hugues.

— Il y a bien assez de ceux que M. Deverell a gardés près de lui pour leur inculquer les principes de la civilisation. Les as-tu vus, Hugues ? lui demanda son frère aîné. Ils sont vêtus comme des Européens, parlant un anglais compréhensible, et croient en Dieu. Baldabella paraît fort heureuse d’avoir retrouvé des compatriotes qui lui font mille amitiés à elle et à Nakina. Tout est pour le mieux ! et je suis sûr que dans peu de temps le bien-être général augmentera de toutes façons.

— Me permettez-vous, cher Monsieur, de vous demander ce que vous comptez faire dorénavant ? insinua Jack en s’adressant à Hugues.

— Moi, mon ami, je compte étudier la médecine, et, une fois reçu docteur, servir d’aide à mon ami Charles Deverell. Arthur épousera Emma, et Gerald O’Brien se fera fermier et chasseur, afin de pourvoir aux nécessités du cabinet d’histoire naturelle de notre père.

— Tu as si bien combiné toutes choses, mon bon ami, répondit Arthur, qu’il serait mal de déranger tes plans. Voilà qui est dit je me marierai, – si Emma consent à m’accepter pour mari, – le même jour que ma sœur avec Édouard Deverell. Je pense, mon cher Jack, que ni les uns ni les autres nous n’aurons envie de retourner au milieu des bois.

— Malheur à ceux qui sont réduits à cette vie par suite de leurs crimes envers la société, dit O’Brien. Moi, je ne veux désormais quitter ces parages que pour vous guider à la chasse aux kangarous. »


FIN