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VOYAGE

— Bah c’est encore une histoire inventée à plaisir, répliqua l’inconnu. Mais n’importe ! suivez-moi près de mon maître, à qui vous raconterez tout cela. Je ne pense pas qu’il ajoute foi à ces griefs.

– Rien ne nous sera plus agréable que de faire connaissance avec votre maître, fit Arthur, surtout s’il habite près d’ici. Qui est-il ? comment se nomme-t-il ?

— C’est un colon, murmura l’homme aux manières rudes, qui cherche en ce moment un chemin pour pénétrer au milieu de ces montagnes.

— Rien de mieux ! Voulez-vous nous montrer la route la plus facile pour aller à lui ? Non seulement nous n’aurons aucune objection pour vous suivre, mais encore nous lui amènerons nos compagnons et les chevaux qui lui ont été volés. »

L’inconnu examina avec une certaine anxiété les étrangers qui causaient ainsi avec lui. Il laissa O’Brien s’en aller pour ramener le reste de la petite troupe des fugitifs, en gardant Arthur comme otage. Mais quel ne fut pas son étonnement quand il vit revenir avec le jeune homme Max Mayburn, sa fille et les autres !

À la vue de ce vieillard respectable, l’inconnu mit la main à son chapeau, et, sans mot dire, prit la tête de la caravane, pour être le premier à annoncer à son maître la rencontre extraordinaire qu’il venait de faire.

Les voyageurs, ne perdant pas de vue leur guide, pénétrèrent à travers des ravines étroites et buissonneuses, — un vrai labyrinthe, — qui allaient toujours en montant. Ils parvinrent enfin sur un plateau couvert de pâturages et encaissé au milieu de rochers élevés. Un troupeau de chevaux paissait dans l’herbe, et l’on voyait à la base d’une sorte de falaise géante un groupe d’hommes prenant leur repas sur un gazon verdoyant.

L’aîné des Mayburn, qui examinait les inconnus, poussa tout à coup un cri de joie :

« Charles Deverell !

— Arthur ! Arthur ! s’écria celui-ci, — car c’était bien Charles Deverell, — monsieur Mayburn ! miss Marguerite ! par quel miracle arrivez-vous au milieu de ces montagnes ?

— Nous venons près de vous accusé de vol, répondit Arthur en riant. Votre employé nous conduit devant votre tribunal comme coupable d’avoir dérobé des chevaux qui vous appartiennent.

— Je suis heureux de trouver mes bêtes entre vos mains, répliqua Deverell. Mais racontez-moi de quelle façon mon berger vous a rencontrés.

— Je vais vous le dire, répondit celui-ci. Un coup de feu ayant attiré mon attention, j’avais voulu savoir qui l’avait tiré. Je m’avançai dans la direction de l’endroit où la détonation devait avoir eu lieu. Et quel ne fut pas mon étonnement en voyant un jeune homme monté sur Sally, votre monture favorite ! Voilà les gens qui ont volé mon maître, me dis-je ; et je les interpellai vigoureusement. Nous en vînmes aux mains, et l’on finit par s’expliquer. Cela fait, les deux gentlemen sont allés chercher leurs amis, et nous sommes venus jusqu’ici. Voilà toute l’histoire. »

Tandis que Deverell écoutait ce récit, les voyageurs avaient mis pied à