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AU PAYS DES KANGAROUS

le bois, en effaçant toutes les traces au fur et à mesure qu’on les imprimait à terre.

Au milieu de la forêt se trouvait un espace couvert par une herbe haute, au centre de laquelle on plaça les bêtes au vert avec des entraves aux pieds.

Cela fait, on attendit en silence les événements. Seuls, Arthur, Gérald et Hugues retournèrent aux figuiers, dans le feuillage desquels ils se blottirent, afin de mieux surveiller les ennemis. Ils se tenaient aussi prêts à défendre leur forteresse, car ils étaient armés de fusils.

On distingua bientôt la troupe qui s’avançait et se composait des « coureurs des bois », poussant devant eux un troupeau de bœufs et d’un grand nombre de noirs.

Par bonheur ce corps d’armée, relativement considérable marchait à pied, fort lentement, eu égard aux bestiaux, et Arthur vit tout de suite que, si les six chevaux avaient été tous bien portants, rien n’eût été plus facile que d’éviter ces coquins, acharnés à la poursuite de la petite troupe.

Combien cette chasse de l’émeu était donc regrettable !

Il parut important au jeune chef de laisser passer les bandits, afin de les suivre de loin.





CHAPITRE XXXI

Les sentinelles au haut des arbres. – La mort du convict Bill. – Les « coureurs des bois » trompés. — Un animal bizarre. — Un conflit désespéré. – Une passe dans les montagnes. – Le fruit de l’acacia. — Les voyageurs gardés à vue. – La cour de justice.


Chaque instant qui s’écoulait augmentait l’anxiété des jeunes sentinelles, qui n’osaient point prononcer la moindre parole.

« Il est heureux, dit enfin Hugues à Arthur, que le troupeau soit poussé en avant par les « coureurs des bois ». De cette façon, les pas des animaux effaceront nos traces. »

Cette circonstance était certainement favorable aux fugitifs, car ils remarquaient que le troupeau suivait précisément la direction qu’ils avaient prise.

Ils aperçurent enfin la hideuse figure de Black Peter, qui était accompagné par les trois convicts inconnus que Jack avait rencontrés lors de son excursion, et par environ cinquante sauvages faisant partie de ceux de la compagnie de Bill. Tous ces noirs étaient badigeonnés de blanc comme lorsqu’ils se rendent à la guerre, et leurs armes consistaient en boomerangs, en zagaies et en arcs et flèches. Bill ne se trouvait pas avec eux, ce qui causa une grande satisfaction à Arthur, à cause de Davy.

Tout ce petit corps d’armée passa sous les figuiers mêmes dans les branches desquels se tenaient cachés les trois amis ; et tandis que les bœufs se vautraient dans la rivière, Black Peter examinait la piste qui avait été pré-