Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
AU PAYS DES KANGAROUS

Max Mayburn déclara qu’il se refusait à laisser partir un de ses enfants avec un des coquins de la bande.

« Eh bien ! moi je veux vous rendre ce service, fit O’Brien. Quelle surprise pour nos amis de la « ferme des Marguerites » quand ils verront mon visage hâlé ! Miss Emma, les larmes aux yeux, se hâtera de me demander des nouvelles d’Arthur et de son père, tandis que Deverell s’inquiétera de ne pas voir Marguerite avec moi. »

Arthur sourit, mais refusa de laisser Gérald, — qu’il jugeait trop léger pour entreprendre pareille mission, — s’en aller avec le messager des « coureurs des bois ».

« Dans ce cas, envoyez Wilkins observa Hugues.

– Je ne puis vous rendre ce service, répliqua celui-ci. Je n’aurais qu’à être rencontré par quelques-uns de ces damnés hommes de la police armés de fusils et surveillant les frontières. Ils me prendraient pour un « marron » et tireraient sur moi comme sur un chien. Adieu ma mission, alors je ne pourrais plus vous être de la moindre utilité.

– Wilkins peut vous rendre ici quelques services, dit Jack : je vous prie de me laisser aller. Ces gens-là ne me craignent pas, et je pourrai donner à M. Deverell quelques bons conseil pour tomber sur le dos de ces vagabonds et rentrer en possession de son bétail. D’autre part, monsieur Mayburn, vous connaissez mon industrie : je veux rapidement construire un véhicule pour vous ramener, vous, miss Marguerite et les autres. Voyons ! est-ce dit ?

– Jack raison, mon père, fit Arthur c’est lui qui va partir en mission mais je redoute la rapacité de l’homme qui l’accompagnera lorsque notre excellent camarade reviendra avec la somme demandée.

— Ne crains rien, mon cher Arthur, répliqua Marguerite. M. Deverell donnera à Jack des armes pour se défendre. Je suis désolée de me séparer de cet ami dévoué ; mais j’ai grande confiance en lui, et je suis convaincue qu’il agira au mieux de nos intérêts. Nous prierons Dieu pour qu’il le protège pendant son voyage.

— Dis-moi, Jack, ajouta Wilkins, si tu rencontres là-bas, à la ferme des Marguerites, une brave fille qu’on nomme Susanne Raine, présente lui mes bons souvenirs, assure-la que je l’aime toujours et que je suis devenu meilleur, avec l’espoir d’être un jour un homme respectable. »

On appela alors Bill, pour indiquer le choix fait par les prisonniers ; et, le jour suivant, Jack s’éloigna, après avoir reçu une accolade générale de tous ses amis, qui pleuraient en silence.

Le courageux jeune homme se dirigea vers le sud, en compagnie d’un grand sauvage qui paraissait au fait du trafic avec les colons, car il savait assez d’anglais pour se faire comprendre.

Les pauvres prisonniers étaient privés du secours d’un de leurs meilleurs défenseurs. Confinés dans leur hutte, on leur donnait à manger, comme à des chiens, les restes de la nourriture peu ragoûtante de noirs. Si Davy ne leur était venu en aide, tous seraient morts de soif : chaque nuit le convict « malgré lui » leur apportait un grand seau d’une eau qui leur était indispensable.