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AU PAYS DES KANGAROUS

fit Max Mayburn. Ah ! si la divine Providence nous conduisait sur la plantation de nos amis les Deverell, quel serait notre bonheur !

— Je le voudrais pour vous tous, fit Wilkins ; mais, pour moi, ce moment-là sera bien pénible, car ce sera l’heure de la séparation.

— Pourquoi cela ?

— Parce que vos amis ne voudront pas un coquin de mon espèce sur leur domaine, et l’on me renverra à Botany-Bay avec mes vieux compagnons de chaîne.

— N’en croyez rien, Wilkins, répondit Hugues. Le cas échéant, si on vous repoussait, nous irions coloniser à part, et, comme Robinson Crusoé et son nègre Vendredi, nous bâtirions une hutte et nous ferions la chasse aux kangarous. »

Arthur se prit à rire de cette intention de son frère. Il rassura le convict repentant, et lui promit sa protection constante chez les Deverell ou ailleurs.

L’espérance était rentrée dans tous les cœurs et les journées s’écoulèrent joyeusement sur les eaux du fleuve, loin des dangers qu’on avait eu à redouter, jusqu’au moment où, les provisions ayant pris fin, on découvrit qu’on était parvenu dans une sorte de désert à l’aspect désolé.

« Il nous faut aller aux provisions, dit Arthur à ses amis. J’aperçois des moissons d’avoine à récolter, et peut-être trouverons-nous là des animaux qui se nourrissent de grain.

— N’oubliez pas le thé, monsieur Arthur, ajouta Jenny Wilson. C’est ce qui nous manque particulièrement.

— Emportez vos haches, mes camarades, nous déblayerons au milieu des roseaux un emplacement pour Marguerite et mon père. Tout d’abord il faut arrimer nos canots, que l’un de nous gardera, et puis nous partirons pour explorer le pays. »





CHAPITRE XXVIII

La marmite renversée. – La fusée-signal. – Une surprise et la captivité. – Le pillage. — L’essai de la poudre. — Une fatale explosion. — Les inventions de la nécessité. — Le pays de la famine. – Espérances nouvelles. – Une fanfaronnade.


Ces dispositions furent promptement prises. À l’endroit où les voyageurs débarquèrent, on amena les canots sur la plage, au milieu des canniers qui les cachaient à la vue. Un amas de joncs coupés sur le rivage servit de lit à Max Mayburn et à sa fille.

Arthur, Wilkins et Jack s’éloignèrent alors du camp, emportant fusils, arcs et flèches tandis que Gerald et Hugues se chargèrent de faire bonne