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VOYAGE

aller quérir Jack et Wilkins, qui iront chercher de l’eau et m’aideront à porter O’Brien jusqu’au campement. »

Hugues se mit à sangloter.

« Ah mon cher frère, j’oubliais les « coureurs des bois » ! ma tête est si faible ! je les ai vus ; tu peux les rencontrer, toi, et ils te tueront. Avant de t’éloigner, il faut reporter Gérald au fond de la niche. »

Arthur se hâta de faire ce que Hugues désirait, et, laissant aux deux malheureux toute sa provision de figues, il se sauva sans vouloir plus rien ouïr se dirigeant vers le rendez-vous convenu, tout en regardant à droite et à gauche s’il trouverait quelque source, afin d’en rapporter de l’eau aux infortunés qui attendaient ce secours du ciel.

En approchant de la croix, Arthur déchargea son fusil, et à cet appel les camarades répondirent en poussant des cris. Ils furent bientôt près de lui.

« Où sont-ils ? les avez-vous trouvés ? » demanda Jack.

Arthur, en peu de mots, raconta ce qui s’était passé. Comme l’obscurité se faisait, il fut convenu que Jack allait retourner près de Max Mayburn, afin de calmer les angoisses de la famille. Wilkins, lui, accompagnerait Arthur vers la grotte où les jeunes gens l’attendaient. On passerait la nuit près d’eux, et le jour suivant, dès le matin, on les ramènerait au campement.

Wilkins conduisit Arthur près d’une source dont l’eau était excellente, et l’on remplit deux calebasses, vidées par les soins du convict, qui les avait trouvées dans les bois, afin d’emporter une provision suffisante.

Il était nuit close quand Arthur et Wilkins parvinrent près des deux amis. La joie que ceux-ci éprouvèrent était immense : ils se sentaient sauvés. Gérald avait mangé des figues qui lui avaient rendu quelques forces.

Wilkins se hâta de préparer quelques grillades de kangarou, qui furent dévorées par les uns et les autres.

Il eut été curieux de connaître en détail l’histoire des événements qui étaient survenus aux deux chasseurs, mais leur état de faiblesse empêchait de leur demander un récit complet ; on remit à plus tard cette narration et l’on songea au repos. Arthur et Wilkins préparèrent un lit de bruyères pour Hugues et Gérald, qu’ils couvrirent de la fourrure du kangarou, car la nuit était très fraîche. Cela fait, chacun songea à dormir pour réparer ses forces.

Les chants du moqueur réveillèrent les quatre amis sous leur toit de pierre.

Wilkins prépara le déjeuner, tandis qu’Arthur examinait la blessure d’O’Brien, toujours bandée avec le mouchoir d’Hugues. Il n’y avait pas moyen d’employer le peu d’eau qui restait pour laver la plaie ; on se contenta de serrer un peu l’enveloppe de toile avec le mouchoir d’Arthur.

Wilkins avait coupé quelques branches d’arbre, à l’aide desquelles il établit un brancard rustique sur lequel il fit placer O’Brien et son kangarou. Il prit les deux extrémités de ce brancard, dont Arthur saisit les autres, et l’on se mit en marche. Hugues se chargeait d’explorer des yeux le pays de tous les côtés, afin d’avertir au cas où les « coureurs des bois » se montreraient.