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VOYAGE



CHAPITRE XXVI

Recherche des égarés. — Le figuier. — Les signaux. – On retrouve les deux chasseurs. — Le blessé. – Souffrance de la soif. — Délivrance et retour. — Une étrange, rencontre. – Les « coureurs de bois ». — Fuite miraculeuse.


Le sommeil avait fui les paupières de toute la famille, et chacun attendit avec impatience l’aube qui devait éclairer le départ des trois amis se mettant à la recherche des égarés.

Ceux-ci se rendirent immédiatement au faîte de la montagne d’où Arthur, la veille au soir, avait fait feu de son fusil. Parvenus en cet endroit, ils élevèrent une croix à l’aide de deux perches de bois dépouillées de leur écorce, et les fixèrent à la cime d’un gommier, d’où on pouvait l’apercevoir de très loin.

Arthur prit alors à travers bois, dans les méandres de la montagne en plein nord : Jack s’en alla vers la droite, et Wilkins vers la gauche, à cinquante mètres de distance les uns des autres. Il fut convenu que l’on se retrouverait le soir au même endroit, si l’on n’avait rien trouvé. Arthur avait emporté un des fusils ; l’autre arme avait été laissée à Max Mayburn, de façon qu’il pût s’en servir et donner un signal en cas d’alarme.

Il avait été convenu entre Arthur, Jack et Wilkins, que, s’il découvrait les deux jeunes gens, il rappellerait ses compagnons en faisant feu.

La route que suivait Arthur était la plus difficile. Tantôt il lui fallait se hisser sur des rochers ou se frayer une issue à travers des fissures de pierre ; tantôt il descendait dans des creux profonds pour remonter de l’autre côté, et souvent il se trouvait tellement égaré qu’il avait besoin, pour se reconnaître, d’observer la course du soleil et de s’en référer au point de repère, la croix élevée sur la montagne.

On l’entendait fort souvent appeler à grands cris Hugues et Gérald ; mais rien ne répondait à sa voix.

Le jour s’écoulait, et il s’arrêta pour se reposer un peu sous un figuier couvert de fruits mûrs, à l’ombre duquel des pigeons au plumage bronzé, des kakatoès à huppe jaune, et des perroquets aux ailes roses, picoraient la récolte tombée par terre. Ces oiseaux n’avaient aucune frayeur de la présence de l’homme, car ils continuaient leur festin sans se déranger ; ils n’avaient qu’une crainte, c’était que l’intrus ne vint prendre leur part.

En grimpant sur l’arbre, Arthur fit une provision de figues, en mangea et en remplit un sac qu’il portait appendu à ses épaules. Cela fait, il reprit sa marche, en remerciant le Ciel de lui avoir fait découvrir cette manne bienfaisante.