Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/182

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
179
AU PAYS DES KANGAROUS

d’un tronc d’arbre creux, qui avait la capacité d’un petit tonneau de trente pieds de circonférence.

« Cet arbre est de l’espèce sterculia dit Max Mayburn, qui alla voir cette curiosité de l’Australie : c’est le delabectea rupertus, qui est rempli de gomme, et offre de très grandes ressources aux indigènes. »

Baldabella manifesta une très grande joie en voyant cette végétation bizarre. Elle déclarait, en mâchant des feuilles et des branchettes, que c’était un aliment très bon et extrêmement fin au palais. Les jeunes sens cueillirent donc une certaine quantité de ces feuilles et les firent bouillir. Cette ébullition produisit une excellente gelée, douce au goût, et dont tous les naufragés du Golden-Fairy semblèrent prendre leur part avec plaisir.

Ce fut Baldabella qui dirigea la troisième pérégrination hors de la vallée. Elle avait montré à Gérald des abeilles butinant au milieu des fleurs et des buissons, et lui avait dit :

« Nous faire un bon repas ; Baldabella trouvera la ruche. »

Marguerite apprit à la négresse le nom de « miel », qu’elle ignorait, et celle-ci renouvela ses assertions.

Baldabella prit alors entre ses doigts, sans crainte d’être piquée, une abeille qu’elle posa sur un morceau de duvet tombé du ventre d’un oiseau. Elle avait trempé ce duvet dans un peu de gomme délayée, si bien que l’abeille ne pouvait s’en débarrasser.

Elle fit alors signe à ses protecteurs de l’accompagner sur la cime d’un rocher au-dessus de la vallée. Une fois là, elle donna la liberté à l’abeille, qui s’envola entraînant le duvet avec elle. Baldabella suivit l’insecte, grâce à la subtilité de ses yeux perçants, et la vit enfin se poser sur un arbre.

Les jeunes gens se rendirent devant le tronc creux de cet arbre, et Baldabella fit comprendre à Jack qu’il fallait l’abattre.

Le jeune charpentier frappa immédiatement le bois, dont l’écorce se détacha, et l’on découvrit une ruche bondée de miel, installée dans un trou profond.

Les abeilles qui avaient produit cette excellente friandise étaient de petite taille, et, soit qu’elles fussent inoffensives ou qu’elles se souciassent fort peu de leur propriété, elles s’envolèrent sans chercher à piquer ceux qui venaient ainsi les déposséder.

Le miel contenu dans la ruche était fort mélangé de cire : on l’eût pris pour du gâteau au gingembre, dont il avait le goût ; mais, en le mêlant à la farine amère d’avoine, il donna aux galettes de Jenny Wilson une saveur très agréable au palais.

« En vérité, nous avons ici tout ce dont nous avons besoin, Mademoiselle, dit Jenny un matin à la fille de Max Mayburn. Monsieur votre père semble très fatigué de son voyage, et nous voilà, je crois, bientôt à l’entrée de l’hiver. Pourquoi ne séjournerions-nous pas ici ?

— Nous entrons, en effet, dans la saison froide de ce pays, répliqua Marguerite à Jenny. Il y a près d’un an que nous avons quitté l’Angleterre, et nous voilà déjà à la fin d’août. La température était fraîche la nuit dernière, et pourtant ce matin l’atmosphère est chaude et embaumée. Les arbres sont toujours couverts de feuilles et de fleurs sous cette zone, et l’on se croi-