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VOYAGE

chrétien. Il fallait encore lui faire comprendre qu’il n’y avait pas de lieu de repos pareil dans le pays où l’on se trouvait.

Marguerite ajouta ses consolations aux gronderies de Jenny Wilson. Enfin Ruth se calma.

« Mais, disait-elle, qui soignera mes poules et ramassera de l’avoine ? »

On fut encore obligé de la rassurer sur ce point. La chaleur avait quelque peu envenimé la blessure de la jeune fille, et, le jour suivant, les voyageurs crurent prudent de débarquer pour la faire reposer et la panser plus sérieusement. Les bords du fleuve étaient bordés de rochers ; on crut qu’il serait facile de trouver un abri dans quelque grotte, loin de la vue des ennemis. Une anse sablonneuse parut être un lieu propice pour descendre à terre, et Arthur, avec le concours des jeunes gens transporta les frêles embarcations dans cet endroit retiré.

Jack avait pris Ruth dans ses bras, car la pauvre enfant pouvait à peine marcher. On parvint de la sorte au milieu des ravins à travers des ruisseaux bordés de plantes vertes en pleine venue, d’une taille gigantesque, jusqu’au milieu d’un fourré à travers lequel on avait peine à se diriger.

À la fin O’Brien, qui s’était frayé un chemin dans cette forêt arborescente, appela ses camarades et leur montra sa découverte une vallée lilliputienne d’une étendue de trois à quatre cents acres, entourée de rochers à pic, et à laquelle on ne pouvait arriver que par le chemin parcouru par eux de la rivière jusque-là.

Le sol était couvert d’une herbe haute et épaisse et de plantations d’avoine. Une source d’eau limpide sourdait à l’un des coins de ce paradis. Le long des parois des rochers croissaient des bosquets, au milieu desquels roucoulaient de très beaux pigeons de l’espèce de ceux appelés geophaps scripta, qui fourniraient un succulent repas aux voyageurs campés en cet endroit.

Ils découvrirent de nombreuses grottes, et n’eurent qu’à en choisir une aux parois sèches et bien aérée, au fond de laquelle on prépara une bonne litière pour la malade. Les jeunes gens déblayèrent une seconde grotte, qui devait leur servir spécialement ; puis ils en trouvèrent une troisième, dans laquelle ils remisèrent les canots et les munitions. De cette façon, la famille et ses amis occupaient une nouvelle résidence temporaire parfaitement confortable.

La cuisine fut installée dans une quatrième grotte, où l’on construisit un four de pierres plates, sur lesquelles Jenny Wilson fit cuire des galettes d’avoine et une douzaine de pigeons. On n’oublia certainement pas le thé, qui réconforta les personnes débiles de la troupe.

La blessure de Ruth, faite par une flèche barbelée, ne se guérissait pas ; il fut donc décidé que l’on résiderait quelque temps dans cette charmante oasis, afin que la malheureuse enfant pût se rétablir, et pour que chacun pût reprendre des forces.

Mais il était impossible de contenir les jeunes têtes de la caravane, qui S’éloignaient chaque jour, deci, delà, en expédition. Une fois, les explorateurs rapportèrent une très grande quantité de feuilles de thé ; dans une seconde promenade, ce fut de la gomme, et l’on parla de la trouvaille faite