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VOYAGE





CHAPITRE II

Départ de Wendon. — Installation à bord de l’Amoor. — La famille Deverell. — Les plaisirs du voyage. — Les merveilles des tropiques. — Les poissons volants. — Le pétrel des tempêtes. — L’albatros. — Le cap de Bonne-Espérance. — La Tempête.


Quelques jours après l’acceptation de cette demande de ses enfants, Max Mayburn reçut la visite du nouveau fermier qui était envoyé par lord S. à Wendon, et se présentait avec les pleins pouvoirs du riche propriétaire.

Les arrangements indispensables pour la cession des meubles de la maison et des instruments aratoires et autres, appartenant à Max Mayburn, furent vite conclus avec le successeur qui prenait la ferme, si bien que l’on put songer immédiatement au départ.

Lord S. qui ne se séparait qu’avec peine de Max Mayburn, lui avait adressé plusieurs lettres de recommandation pour ses amis de Calcutta, et ce fut lui qui présida à Londres, où toute la famille s’était rendue pour s’embarquer, au choix d’un navire et à tout ce qui était indispensable à des émigrants.

Il découvrit dans la Tamise un excellent navire à voile, l’Amoor, prenant fret pour Melbourne, où il emmenait des passagers, et se rendant ensuite de cette ville d’Australie à Calcutta, pour y transporter du bétail et des marchandises.

Ce fut donc à bord de l’Amoor que furent conduits les Mayburn où le capitaine, nommé Barton, un brave et digne homme, leur fit le meilleur accueil et leur donna les meilleures cabines, à la prière de lord S. pour qui il avait une grande déférence.

Marguerite pria sa vieille nourrice de ne pas perdre de vue la pauvre Ruth, de crainte qu’elle ne fit quelque sottise à bord et qu’il ne lui arrivât malheur. En effet, la jeune fille semblait tout ahurie de se voir sur un navire, « une maison qui va sur l’eau, » disait-elle ; mais les bons conseils de son frère et ceux de sa maîtresse lui rendirent bientôt le calme nécessaire à bord d’un vaisseau, où la prudence est à tout instant indispensable. On fut longtemps à lui faire comprendre, entre autres choses, qu’elle ne devait point suivre dans les échelles de cordes Hugues et Gérald qui s’aventuraient dans les haubans.

Le plus grand nombre des cabines de l’Amoor avait été retenu par un homme parfaitement élevé qui émigrait en Australie, en emportant avec lui tout ce qu’il possédait. Ce personnage avait obtenu une concession de terrain, tout au nord de la colonie, à l’extrémité de la partie du territoire destiné à la culture des émigrants.

Dans cette contrée éloignée, M. Edouard Deverell, c’était le nom de ce gentleman, conduisait sa mère, sa jeune sœur, et un frère plus jeune que lui, qui venait d’être reçu docteur, sans compter une petite troupe