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AU PAYS DES KANGAROUS

— Non ; mais Dieu agit en notre faveur. Voici la pluie qui tombe. Notre forêt sombre ne sera donc pas consumée entièrement ; peut-être même pourrons-nous échapper. »

En effet, l’orage était survenu, et l’eau tombait par torrents ; si bien que l’incendie ne tarda pas à être éteint.

Lorsque les explorateurs furent revenus dans la caverne, Wilkins leur déclara que les noirs, dont il connaissait les habitudes, avaient dû se sauver dans tous les trous, dans toutes les cavités des roches, afin d’éviter la pluie, qui leur était antipathique.

« Nous ne pouvons rester plus longtemps ici, mon cher fils, dit Max Mayburn à Arthur. Qu’allons-nous faire ?

— Mon avis est qu’il faut tenir tant que cela sera possible, reprit, celui-ci, tout en nous préparant à fuir lorsque l’occasion se présentera. Jack nous indiquera le meilleur moyen pour emporter nos bagages, car nous pouvons arriver dans un désert, et notre provision de pommes de terre nous sera surtout indispensable.

— Nous ne laisserons pas ici mes poulets et mes pigeons ? observa Ruth.

— Nous ferions cependant mieux de leur rendre la liberté, ne fût-ce que pour introduire une nouvelle espèce d’oiseaux dans ce pays. D’autre part, nous pourrions les manger rôtis. »

La pauvre créature demanda grâce pour ses « volailles », et elle ne cessa de gémir que lorsqu’on lui eut promis formellement que la basse cour ne serait point oubliée. Jack répara même la corbeille qui contenait d’habitude ces volatiles, et il se mit à disposer tous les bagages de façon que chacun portât un poids proportionné à ses forces.

Jenny fit cuire deux sacs de galettes d’avoine, que l’on fit sécher pour mieux les conserver. Elle aida ensuite Marguerite et Ruth à façonner des manteaux de fourrures d’opossum, tandis que les jeunes gens réparaient leurs chaussures à l’aide de cuir de kangarous et de chevilles de bois en guise de clous.

Toute la journée fut employée à ces préparatifs. Les sauvages n’avaient pas donné signe de vie ; mais il fallait songer à fuir, et l’on convint que le lendemain matin, après déjeuner, on se mettrait en route, sans tenir compte de la pluie qui menaçait toujours.

Le jour suivant, dès que l’aube parut, on procéda au repas, puis on s’empara des bagages ; mais, avant de se montrer au dehors, les jeunes gens grimpèrent à leur observatoire pour explorer l’horizon.

Leur séjour sur le sommet du cratère fut de courte durée ; ils descendirent aussitôt pour apprendre aux prisonniers de la grotte que tous les sauvages s’avançaient sur les roches intérieures de la montagne.

« Allons ! nous défendrons chèrement notre vie ! s’écria Hugues, qui s’empara d’un fusil et plaça l’échelle vers une des ouvertures.

— C’est moi qui commande, répondit Arthur ; ôte cette échelle de là et obéis-moi. »

Hugues fit la grimace, mais il ne refusa pas de se soumettre.

« Gérald, ajouta Arthur, tu vas monter à la tour, où Marguerite, notre