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AU PAYS DES KANGAROUS

lorsqu’il saute, vous comprendrez pourquoi les naturalistes ont appelé cette gracieuse bête « l’écureuil volant ».

Les voyageurs se contentèrent de collectionner les peaux d’opossum pour en fabriquer des manteaux. Il n’y eut que Gérald qui se décida à goûter au plat d’opossum et il déclara que sa saveur égalait celle d’un ragoût de lapin de garenne.

Arthur montra à son père la « plante de sel » qu’il avait rapportée et, à la forme de ses grandes feuilles, Max Mayburn déclara que ce végétal devait être le ragodia parabolica de Brown, dont les pousses sont bonnes à manger.

Arthur voulut alors tenter l’expérience dont il avait entendu parler. Il fit bouillir les feuilles pendant quelque temps, puis il soumit le jus recueilli à l’évaporation multiple, si bien qu’à la fin quelques cristaux de sel se montrèrent, au grand plaisir du jeune chimiste et à la grandissime joie de Jenny. La cuisinière recueillit ce sel précieusement, car depuis longtemps elle avait été privée de ce condiment pour assaisonner ses plats. Il fut alors décidé que l’on chercherait à se procurer cette plante si utile partout où cela serait possible.

Les habitants de la grotte du volcan tout en procédant à leurs préparations culinaires, n’avaient point oublié de prendre les précautions indispensables pour cacher leur refuge. Les tiges de pommes de terre avaient été jetées dans la grotte, destinées à être brûlées et sur le champ où elles avaient poussé on s’était hâté de jeter des amas de pierres, de façon à ne laisser aucun indice de culture. Une sentinelle se tenait sur les hauteurs, sentinelle que l’on relevait toutes les trois heures ; et sur les crevasses ou ouvertures de la grotte, on avait amené de grandes pierres plates que l’on avait cachées sous les broussailles. De cette façon, il était impossible qu’un accident pareil à celui qui était arrivé à O’Brien fit découvrir la retraite des voyageurs.

On comprendra facilement que l’intérieur de la grotte était réellement fort triste, quoique l’ouverture principale eût été laissée béante mais on attendait, pour la fermer, qu’une alarme rendît cette réclusion indispensable.

Dès que la pluie cessait, les habitants de la grotte sortaient et demeuraient en plein air, se réjouissant à l’aspect de cette nature enchantée humant le parfum des fleurs et écoutant le concert des chantres ailés de la forêt.

Le gibier ne manquait pas, et Max Mayburn occupait son temps à étudier l’histoire naturelle « d’après nature ».

La cessation de la pluie ramena l’imminence du danger. Du haut de la montagne on apercevait les indigènes chassant les kangarous et les émeus. Black Peter, très reconnaissable parce qu’il était blanc, disait Gérald, se montra un jour, inspectant le sol pour retrouver la trace des « Européens ».

Enfin, un certain matin, par une température sombre, mais sans pluie, l’on put voir une troupe de cinquante hommes environ traverser la plaine, ayant à sa tête le maudit Black Peter, qui les guidait sans hésiter.

Parvenus à cent mètres de la forêt sombre, les noirs firent halte, et Black