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VOYAGE

Baldabella et Nakina, qui s’étaient résignées à la volonté des « visages blancs », semblaient avoir oublié tout sujet d’appréhension, et se tenaient accroupies dans un angle que la fille de Max Mayburn appela « la chapelle » car ce lieu offrait l’ensemble d’un autel surmonté de flambeaux de pierre. Une sorte de berceau de lianes qui poussaient sous une des crevasses fut dénommé le « salon de réception » à la condition que la pluie ne vînt pas en chasser les visiteurs et les habitants.

On établit des sièges au moyen de grandes pierres, et l’on éleva sur deux roches une « tranche » de brèche plate qui devait servir de table. C’est là que Jenny servit le repas, qui se composait seulement de thé et de galettes.

Max Mayburn voulait examiner de près l’aigle, qu’il avait reconnu être de l’espèce nommée aquila fucosa ; mais il fallut que Wilkins et Jack s’emparassent de l’oiseau, ils le prirent par les ailes et le cou, tandis qu’Arthur arrachait la flèche qui lui avait cassé le fouet extrême de l’envergure. En examinant la blessure, il parut certain que l’oiseau pouvait guérir en fort peu de temps.

Mais il s’agissait de nourrir cet invalide, qui semblait mourir de faim et dédaignait les morceaux de galette qu’on lui offrait. Hugues et Gérald promirent d’aller tuer quelques oiseaux ou un opossum pour cet hôte affamé dès qu’ils auraient achevé le réservoir à eau qu’ils étaient occupés à creuser.





CHAPITRE XX

Le réservoir. — Les pluies. — L’ami des colons. — Occupations de la vie de prison. — Une chasse malheureuse. — Narration de la capture de Wilkins. — Récit des tentatives de Black Peter. — L’aigle rendu à la liberté. — Départs des jeunes gens pour délivrer le prisonnier.


Le réservoir creusé par les jeunes gens avait quatre mètres de profondeur sur huit de diamètre. Le fond en était pavé de pierres plates tirées de l’intérieur de la grotte et scellés ensemble par une excellente terre glaise. Ce travail demanda deux jours, et le surlendemain, tandis que Jack et Wilkins mettaient la dernière main à leur ouvrage en creusant une rigole qui devait conduire l’eau de la première à la seconde mare, Hugues et Gérald s’écartèrent du campement pour tuer des oiseaux.

Avant la fin de la journée, les ouvriers et les chasseurs furent forcés d’abandonner leur partie pour éviter une averse qui trempa particulièrement jusqu’aux os les pourvoyeurs de gibier. Par bonheur, ils n’avaient pas fait