Page:Revoil Voyage au pays des Kangarous 1885.djvu/143

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
140
VOYAGE

il prit un long bâton d’une main afin de sonder les parois, et s’aida de l’autre pour descendre dans ce trou obscur.

Il ne tarda pas à toucher le fond après avoir descendu environ quatre à cinq mètres, et se trouva au milieu d’une vaste grotte, sur un tapis de sable fin. Les parois de cette excavation naturelle étaient ornées de guirlandes et de plantes grimpantes, et le jour pénétrait à l’intérieur par de nombreuses crevasses, pareilles à celle où était tombé O’Brien.

Il y avait en outre quelques couloirs, à l’entrée desquels Jack jeta les yeux, et quand ses amis l’eurent rejoint, ils purent s’assurer avec lui que l’endroit était inhabité. Arthur déclara que cette grotte était d’origine volcanique, et qu’à ses yeux c’était là une portion du cratère éteint.

« Voilà qui va faire un excellent entrepôt pour y déposer nos munitions de guerre et de chasse, observa Jack. La partie éclairée servira de cuisine pour Jenny, tandis que nous, nous nous occuperons à construire la cabane. Je vais fabriquer une échelle ; car les femmes ne pourraient jamais se hisser de bas en haut et de haut en bas au moyen d’une corde, comme le font des garçons de notre âge. »

Arthur remonta le premier, et voulut, une fois en haut, secourir l’aigle et retirer la flèche de sa blessure ; mais l’oiseau de proie chercha à se précipiter sur lui ; aussi l’aîné des Mayburn crut-il devoir remettre cette opération à plus tard.

Les trois amis, remontés à la surface de la montagne, se hâtèrent d’aller annoncer à Max Mayburn et aux autres la découverte qu’ils venaient de faire.

Wilkins était allé cueillir de l’avoine, tandis que Marguerite et son père avaient découvert une mare pleine d’eau potable, qui devait être bien plus remplie encore quand la pluie aurait rendu ce que le soleil avait pompé.

Autour de ce réservoir à eau, Max Mayburn avait cueilli des plantes curieuses l’une, entre autres, nommée le cephalotus follicularis autrement dit la plante cuvette, qui offrait à la vue des membranes reliées ensemble, dans lesquelles l’eau s’accumulait et entretenait naturellement la fraîcheur de la tige.

« Cela ressemble fort à nos chardons d’Europe, n’est-ce pas ? observa Marguerite. Mais, mon père, le sol me paraît très fertile en cet endroit ; pourquoi ne planterions-nous pas ici une partie des pommes de terre qui nous restent afin d’augmenter notre provision ?

— Bien pensé, répliqua Hugues. Le terrain me parait excellent à cet usage. Allons ! Gérald, à l’œuvre. Plantons notre jardin potager avant que la pluie survienne. Cela vaudra mieux que de tuer des aigles. »

La découverte de la grotte fit un plaisir inexprimable à tout le monde ; mais, quelle que fût la curiosité éprouvée par tous d’en aller parcourir l’intérieur, il fallut qu’on attendit que l’échelle fût construite. Gérald se mit au travail, tandis que les autres voyageurs retournaient à l’entrée de la forêt sombre pour fermer l’entrée de l’ouverture qu’ils avaient pratiquée au milieu du fourré. À l’aide de cordelettes imperceptibles, ils ramenèrent les branches et réussirent à cacher à l’œil le plus exercé les abatis pratiqués