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AU PAYS DES KANGAROUS

des surprises. Et puis il y a des fleurs et des oiseaux à revendre. Tenez regardez, mon père, ces deux énormes aigles qui tournoient au-dessus de nos têtes. Sans doute leur aire n’est pas éloignée d’ici. »

Tandis que les regards de tous les voyageurs se tournaient, du côté des oiseaux de proie, O’Brien, qui se tenait à l’écart avait bandé son arc, et, avant que personne eût pu s’opposer à son projet, il décochait une flèche bien dirigée sur l’aigle le plus rapproché. Il atteignit l’oiseau de proie, et celui-ci venait de tomber au milieu du buisson.

« Victoire ! victoire ! s’écria-t-il en se retournant du côté de Max Mayburn. J’ai tué l’aigle !

— C’est une mauvaise action que vous avez faite la, mon ami, répondit celui-ci. Je regrette infiniment que vous ayez atteint le but. Ce n’est donc pas une victoire que vous avez remportée, mais un acte de pure cruauté que vous avez commis… Il était inutile de mettre à mort ce noble oiseau, et je suis très peiné en entendant les cris poussés par sa compagne, cruellement séparée de son camarade de solitude. Voyez comme elle tourne autour de l’endroit où votre victime se débat.

— Je suis très marri de vous avoir déplu, mon excellent tuteur, observa O’Brien. Je pensais, au contraire, vous être très agréable en mettant sous vos yeux un individu de l’espèce australienne.

— L’oiseau est tombé derrière ce buisson couvert de fleurs jaunes, qui ressemble si bien au genêt de notre pays. »

Gérald se dirigea vers l’endroit désigné, tandis que Marguerite et son père, exploraient des yeux le plateau sur lequel ils se trouvaient, écoutant Jack, qui déclarait pouvoir construire en deux jours une hutte basse de plafond, et façonnée avec des écorces d’arbres reliées ensemble par des lianes tressées.

Tandis que les trois personnes discutaient au sujet de cette construction, ils entendirent les cris d’alarme poussés par Gérald.

« Au secours ! à l’aide ! criait-il. L’enchanteur de la montagne s’est emparé de ma personne. Arthur ! jette-moi une corde. »

Tous les voyageurs éprouvèrent un sentiment d’angoisse, et ni les uns ni les autres ne savaient où jeter la corde, car on n’apercevait point O’Brien.

Arthur, accompagné de Jack, emportant l’un et l’autre une perche et des cordes, retrouvèrent enfin Gérald, qui se cramponnait à un buisson et paraissait enfoncé dans un trou.

« Prenez garde ! leur cria celui-ci il y a peut-être d’autres ouvertures dans les environs. Tendez-moi la perche, et je m’en tirerai. J’ai peur que ce diable d’aigle, que j’ai si malencontreusement abattu, ne se jette sur moi, car il se débat au-dessus de ma tête et paraît furieux. »

À l’aide de la bille de bois et des cordes qu’on lui tendit, grâce aux efforts de ses amis, Gérald parvint à sortir de son trou. Cela fait, il indiqua à ses sauveurs la grotte ou l’excavation au milieu de laquelle il se débattait quelques instants auparavant. Cette découverte intéressait trop nos jeunes gens pour qu’ils ne voulussent pas savoir sur-le-champ à quoi s’en tenir. Jack tenta le premier l’épreuve, et, attachant solidement une corde à un arbre,