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VOYAGE





CHAPITRE XVIII

L’ouverture à travers la montagne. – Une chasse à l’émeu. — Escarmouche avec les naturels. – Délivrance de Baldabella et de son enfant. – Construction d’un pont. – Encore des embarcations. — La pêche de Baldabella.


Le rapport fait par les jeunes gens décida, en effet, la famille entière à quitter au plus tôt la grotte devant laquelle les indigènes semblaient faire sentinelle.

Arrivés de l’autre côté du tunnel, les voyageurs cherchaient déjà à gravir les roches le plus prestement possible, lorsque, au son de leur voix, une harde de kangarous se montra à leurs yeux. Ces animaux sautaient à travers bois pour parvenir à un endroit plus sûr, lorsque les chasseurs qui les avaient poursuivis s’aperçurent que les buissons étaient moins épais et les rochers moins glissants que ceux qu’ils avaient vus du haut du pic où Arthur avait examiné les environs.

Les plus forts donnèrent leur appui aux plus faibles, et toute la troupe, avec quelque difficulté cependant, parvint sur les cimes, d’où leurs yeux contemplèrent à loisir toute l’étendue des plaines qui bornaient l’horizon.

La descente fut assez difficile, car il fallut recourir aux haches et aux cordages ; mais enfin toute la petite troupe eut la facilité de se reposer sur un sol uni et couvert d’herbages, à travers lequel serpentaient quelques langues de terre plantées d’arbres nains.

La marche devait être plus rapide, mais elle pouvait être plus facilement observée par les ennemis.

« Nous manquons d’eau et de provisions de bouche, dit Jenny Wilson avec découragement.

– Il nous reste des pommes de terre, répliqua Marguerite, et, quoique nous n’ayons pas encore rencontré la moindre trace de gibier, je suis certaine que nous ne mourrons pas de faim. Tenez, là-bas, sous ces acacias, il me semble apercevoir du mouvement au milieu des herbes.

– Hourra ! mon père, s’écria tout à coup Hugues ; voici enfin un émeu. Je reconnais l’oiseau pour en avoir vu un pareil au jardin zoologique de Londres. Il faut que nous nous emparions de celui-ci ; mais sa peau n’est-elle pas trop dure pour que nos flèches puissent la perforer ? D’autre part, mon frère n’aime pas à faire usage de son fusil.

— Par une raison bien simple, c’est qu’il ne me reste que quatre cartouches, répliqua celui-ci, et qu’ensuite la détonation d’une arme à feu attirerait infailliblement sur nous les sauvages qui nous poursuivent. Servons-nous donc d’arcs et de flèches et du boomerang ensuite, au besoin.