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VOYAGE

perdre le temps à faire de l’histoire naturelle, il était important de continuer la route.

Devant la petite troupe se dressaient des collines et des montagnes entre lesquelles coulaient des ruisseaux allant tous se jeter dans le fleuve que l’on venait de traverser. Ces élévations formaient la base de la grande chaîne aux pics ardus qu’on croyait inaccessibles : elle s’étendait, aussi loin que l’œil pouvait s’aventurer, du nord-ouest au sud-ouest, de façon à intercepter le chemin que les voyageurs devaient parcourir.

« N’importe ! nous traverserons ces montagnes coûte que coûte Peut-être trouverons-nous quelque passe fréquentée par les kangarous ; car, ajouta Arthur, j’aperçois là-bas de nombreuses hardes qui bondissent le long des déclivités sous les arbres qui les couvrent.

— Ah ! si nous pouvions faire la chasse aux kangarous ! s’écria Hugues. Nous avons d’ailleurs besoin de viande, car il est important de se nourrir.

— Évidemment, ajouta Wilkins. Voyons ! nous allons organiser une battue. Mais sachez bien que ces maudits kangarous sont très fins, et qu’il sera bien difficile de les aborder.

— Essayons toutefois, » fit Arthur.

Au même instant les jeunes gens, s’armant d’arcs, de flèches et d’épieux s’en allèrent au-devant, suivis par Baldabella, qui avait trouvé une massue et savait admirablement s’en servir. Wilkins, qui s’était chargé de diriger la chasse, fit placer les jeunes gens sur une seule ligne, de façon à garder le pied de la montagne, car il affirmait que les kangarous cherchaient toujours à descendre lorsqu’ils étaient poursuivis ; leurs pattes de devant touchant rarement le sol, ils employaient celles de derrière pour faire d’immenses bonds, ce qu’ils n’eussent pas pu accomplir en courant à la montée.

À peine les gentils animaux eurent-ils aperçu les chasseurs, qu’ils s’élancèrent avec une rapidité telle, qu’il eût été impossible, à moins d’avoir souvent assisté à cette façon de courir, de croire que c’était en sautant qu’ils s’éloignaient ainsi. Quelques kangarous, affolés, cherchèrent à franchir la ligne des chasseurs, tandis que les autres fuyaient à gauche et à droite. Les flèches, les épieux, volaient deci, delà, et plus d’une pauvre bête disparut, emportant le morceau de bois pointu dans la blessure qui lui avait été faite.

Baldabella remporta la victoire à l’aide de son boomerang, autrement dit sa massue, qu’elle lança d’une main sûre dans la direction d’un énorme kangarou. La bête tomba lourdement, et Wilkins se hâta de l’achever d’un coup de couteau.

Arthur rappela alors les chasseurs et leur dit :

« Assez de boucherie comme cela ; ce riche butin suffira pour nous nourrir pendant plusieurs jours il ne faut donc plus tuer pour le plaisir de détruire. »

Tous les chasseurs convinrent de la justesse de ce raisonnement, et Wilkins, aidé de Jack, suspendant le kangarou par les pattes à une perche qu’ils placèrent sur leurs épaules, accompagnèrent les jeunes gens dans la direction de la route que l’on devait suivre.

On gravit et l’on descendit bon nombre de montagnes, et l’on parvint