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AU PAYS DES KANGAROUS


Il fallut ensuite traverser un second marécage, qui avait été inondé à l’époque des pluies, et sur lequel avait poussé une forêt de mangliers dans les feuilles desquels les moustiques bourdonnaient sourdement. Le passage de ces « paluds » fut assez difficile pour arriver jusque sur les bords du fleuve, qui avait environ trois cents mètres de large et s’écoulait dans la direction de l’ouest. On ne pouvait pas songer à traverser le courant d’eau à gué ; et comme, de l’autre côté, de grandes montagnes empêchaient la vue de s’étendre au loin, on devait recourir à des canots pour aller en avant.

« Nous n’avons pas d’embarcation sous la main, remarqua Arthur ; je propose donc de descendre le courant pendant un ou deux jours tout en marchant, nous recueillerons des matériaux pour fabriquer un bateau. »

Les jeunes gens se prêtaient à tout ce qui pouvait être utile ; aussi se mirent-ils à chercher de tous les côtés pour trouver des arbres d’essences nouvelles : chênes, ormeaux, cèdres, buis, ou tout au moins leurs équivalents dans la faune australienne. Max Mayburn indiqua à ses enfants le xanthorrhea arborea, dont le tronc, haut de dix à douze pieds et large de deux mètres environ, était couronné par un massif de palmes d’une forme très gracieuse.

Wilkins désigna à la curiosité des voyageurs la plante à thé, que les colons d’Australie emploient au lieu et place de l’herbe chinoise. Jenny qui en fit une infusion, déclara qu’elle trouvait cette boisson excellente mais qu’elle serait encore meilleure si l’on avait du sucre et du lait.

Max Mayburn ajouta que cette plante devait être de l’espèce de celles qui sont très utiles dans la thérapeutique, car elle avait indubitablement une propriété bienfaisante pour le corps humain, et produisait, par l’ébullition une boisson salutaire et agréable.

« Je suis d’avis, ma chère Jenny dit-il à la vieille servante, qu’il est inutile de faire une trop grande provision de ce thé d’Australie, car, vous le voyez, la plante pousse partout, et nous avons déjà trop de choses à porter par cette chaleur accablante de la saison d’été. »





CHAPITRE XV

Escarmouches avec les indigènes. — Les héros blessés. — Le champ de bataille. La veuve du noir. — Wilkins sert d’interprète. — Deux voyageurs de plus. — Continuation de voyage.


« Quand prendrons-nous notre repas ? demanda Hugues. Je meurs de faim, et je mangerais volontiers un de ces kakatoès, fut-il à moitié cuit. D’ailleurs, Marguerite me semble avoir besoin de repos.

– Un peu de courage ! tâchons de gagner une de ces vertes montagnes