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VOYAGE


CHAPITRE XIV

Recherches dans la caverne. – Le bosquet enchanté. — Un passage difficile pour conquérir la liberté. – Préparatifs de fuite. – Usage du fusil. – Un cas de conscience. — Le départ. – Voyage à travers les fondrières. – La rivière. – Fabrication d’une hache. — Une plante nouvelle.



Après avoir dîné avec la plus stricte sobriété, et après s’être assurés que les sauvages s’étaient pour le moment retirés dans les bois, les prisonniers de la caverne reprirent leurs occupations. Hugues et Gérald, ne pouvant rester en place, se mirent à fureter, deci, delà, dans les méandres de boyaux qui s’ouvraient de toutes parts le long des parois de la caverne. C’est ainsi qu’ils se risquèrent le long d’une fissure aboutissant à une double muraille, tapissée, comme un bosquet enchanté, de lianes fleuries au milieu desquelles chantaient des oiseaux invisibles.

« Quelle admirable découverte ! dit Hugues à Gérald. Il s’agit maintenant de trouver en quel endroit aboutit ce passage. »

Un bloc de pierre, tombé du haut de la montagne, terminait ce bosquet enchanté. Mais il était haut d’environ deux mètres, et pour parvenir à son sommet nos deux explorateurs amoncelèrent des pierres en forme d’escalier, au moyen duquel ils se hissèrent sur la pointe. Un coup d’œil jeté sur ce qui les entourait leur fit apercevoir un chaos de roches superposées, enchevêtrées dans des massifs de verdure.

Les jeunes gens ne purent résister à la tentation de humer l’air extérieur, et ils s’avancèrent sans difficulté à travers les bosquets touffus.

« Faisons en sorte de retrouver l’entrée de ce labyrinthe, dit Hugues à Gérald. Mais comment faire ? Ah ! j’y suis. Voilà, de la craie, la même sans doute que celle dont les sauvages se barbouillent le corps ; ramassons-en pour marquer le chemin. »

En effet, à l’aide de cette terre blanche, O’Brien et son ami tracèrent une croix à l’issue du bosquet enchanté. C’était le point de départ.

« Il sera impossible de se perdre, dit Hugues. Nous voici en face du midi, et si nous pouvons découvrir la route qui aboutit hors de la forêt, il nous sera facile de continuer notre route. En avant »

Ce n’était pas chose facile que de suivre directement les méandres de ce désert broussailleux, émaillé de temps à autre de champs de gazon et sillonné par des ruisseaux le long desquels s’élevaient de grands arbres : eucalyptus, noyers muscades, et acacias couverts d’une multitude de fleurs dorées. Toutes ces essences croissaient entre les roches et offraient aux yeux un spectacle grandiose.

Les jeunes explorateurs ne négligèrent pas de tracer sur les arbres et les