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donnez ces souvenirs, qui sont aujourd’hui pour moi des sources d’amères et tardives réflexions. J’abrégerai le récit de ce qui suivit cette fête fatale. J’avais emporté une impression favorable au caractère du riche industriel ; ma grand’mère, qui croyait assurer mon bonheur, profita de cette disposition pour s’efforcer de me faire croire que j’aimerais, que j’aimais déjà M. Bernard. Que ne peut une voix aimée sur un cœur qui s’ignore ? Que sait-on de la vie avant d’avoir aimé, avant d’avoir souffert ? On n’ose s’aventurer selon son cœur, dont les nobles et tendres instincts seraient pourtant de meilleurs guides que les froides conventions du monde ; on suit les errements de ceux qui nous sont chers ; on s’y abandonne, on craindrait de décider soi-même de son propre bonheur, ignorant qu’on est encore de ce qui fait le bonheur.





VIII

— Mariage. —

Le bonheur, comme tant de gens l’entendent,