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vous m’aurez entendue, nous irons ensemble vers les malheureux. »

Elle parut rassembler un instant ses souvenirs, puis elle reprit :

« Vous le savez, ma mère, la tristesse est née en moi en même temps que la pensée ; aussitôt que j’ai compris qu’il y avait des êtres qui souffraient par la pauvreté, par l’absence de ces biens dont nous étions comblées vous et moi, par la privation des sentiments élevés et des affections tendres, je n’ai pu me réjouir d’être parmi les heureux, parmi les privilégiés ! Je sentais que mon bonheur était une offense envers ceux qui n’en avaient pas, et que je ne pouvais être agréable à Dieu qu’en me dévouant à consoler ceux qui sont affligés. Que pouvais-je pour leur porter secours ? que pouviez-vous vous-même, ma mère ? toutes