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licité, puis je la perdis. Elle mourut en me donnant un fils, il devait plus tard me rappeler sa mère ; il fut beau comme elle. Mon enfant devint enfant de troupe, je ne voulus pas m’en séparer, il me suivit dans mes campagnes. Tant qu’il fut au maillot, la cantinière en prit soin ; sitôt qu’il put marcher, chaque soldat se le disputait, mon sergent lui enseigna à lire ; à six ans il apprenait tout ce qu’on voulait, il chantait la Marseillaise, faisait l’exercice sans broncher, il était ma joie et l’orgueil du régiment. Un jour mon colonel me dit : Ton enfant est plein d’intelligence, il ne faut pas qu’il reste ignorant ; je le recommanderai à l’empereur, il sera placé dans une école militaire, il en sortira officier : cela te va-t-il ?

— Oui, mon colonel, sans doute… et je sentais mes larmes m’étouffer à l’idée de me