Page:Revoil - Les Exiles.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

jamais vu mourir ; si elle avait été témoin d’une de ces agonies où nous voyons d’heure en heure se décomposer sous nos yeux un être aimé pour lequel nous donnerions nos jours, où nos larmes et nos prières sont impuissantes pour arrêter le progrès d’un mal inexorable qui pâlit le visage, ternit le regard, suspend l’intelligence et finit par laisser dans nos bras éperdus un corps inanimé qui ne répond plus à notre appel, qui reste inerte et glacé sous nos caresses et qui devient enfin pour nos yeux un objet d’épouvante ; si un pareil tableau avait frappé celle vie qui jusqu’alors avait coulé dans l’ignorance de la douleur, il y aurait empreint à jamais le sceau de la tristesse et de la réflexion.

En sortant du cimetière la duchesse tenait toujours sa fille par la main. L’atmosphère était tiède, les paysages d’alentour avaient une