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tion, à sa fortune, à tant de puissance et de vanités, puis enfin au néant de toutes ces choses dont il ne survit pas même pour nous un sentiment touchant. Le vieux gardien, toujours attentif auprès de ma fille, parcourait avec elle la chambre de madame de Maintenon et lui faisait admirer chaque objet. Tout-à-coup l’enfant se mutina, elle venait de découvrir devant le lit majestueusement drapé une délicieuse chaise basse en forme de lyre, qui avait servi de prie-dieu à la favorite dévote. Ma fille voulait jouer avec cette petite chaise à sa taille, la prendre dans ses bras et l’apporter dans le boudoir pour s’asseoir près de moi. Le gardien résista :

— Cette chaise sert à prier Dieu, dit-il, elle ne sort point d’ici. À ces mots, l’impatient désir de l’enfant parut céder, elle s’agenouilla sur la chaise, entoura de ses deux pe-