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CES PETITS MESSIEURS.

l’emmena en Amérique, où ils célébrèrent un mariage d’outre mer bien et dûment légalisé, mais ayant cette saveur de mystère et ce parfum frelaté de roman qu’une vierge de trente-huit ans est orgueilleuse de savourer.

Leur lune de miel durait encore, ou plutôt ne s’était pas levée, lorsqu’ils revinrent à Paris ; ils n’avaient en que d’impalpables étreintes, que des enlacements d’âme à âme dont l’Océan fut le chaste témoin.

L’épouse d’un génie méconnu resta aussi frêle et aussi blême qu’elle l’avait été durant sa longue quête d’un mari célèbre. Ceux qui la revoyaient se demandaient : Elle est heureuse ? Elle l’était apparemment, c’est-à-dire en apparence ; car, ainsi que la chaste Bérénice, Béatrix, transformée en étoile, décrivait ses mièvres évolutions et lançait ses petits rayonnements dans une sphère de beaux esprits. Élie, comme le prophète son patron,