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attraction et dont elles n’oseraient pas parler ; mais les sommes d’argent qu’il avait toujours feint de n’accepter qu’à titre de prêt amical, troublaient la sécurité de sa honte. Une rencontre fortuite pouvait le mettre face à face avec ses deux bienfaitrices, et il suffisait d’un mot dit par elles devant témoins pour anéantir l’échafaudage de sa factice dignité. Espérant conjurer ce péril par un expédient inouï, il écrivit le même jour aux deux femmes que :

« Connaissant leur, profonde sympathie pour la Pologne et craignant de les offenser en leur remboursant l’argent qu’elles lui avaient prêté comme à un fils malheureux, il avait versé intégralement cet argent dans la caisse de secours de l’émigration polonaise, destinée à assister ses frères d’exil plus pauvres que lui. »

La lettre existe ; la veuve me l’a montrée, en me racontant cette histoire.