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visite, à six heures dînait avec elle, et la quittait à huit heures pour aller se reposer, disait-il, et la revoir en songe.

Il payait en stances amoureuses et en dédicaces de fades mélodies, les dons plus positifs qu’il recevait d’elle. Elle ne trouvait pas ses vers très bons ; elle jugeait sa musique un peu faible, mais l’amour qui s’y révélait la rendait indulgente.

Quoiqu’elles se fussent souvent rencontrées dans les salles et dans l’escalier du Louvre, la veuve et la vieille fille n’avaient pas lié connaissance ; elles se saluaient en passant, mais sans se parler.

Un jour, par un très-grand froid, tandis que la veuve peignait, elle vit paraître le Polonais ; elle eut un petit mouvement de surprise ; car il ne venait plus dans les galeries depuis qu’elle le dorlotait ; elle le gronda tendrement d’être sorti par un temps rigoureux.