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Toutes les longues émigrations ont eu de ces écumes-là ; si on écrivait l’histoire des émigrés français, on trouverait parmi eux, à côté de vrais chevaliers, plus d’un chevalier d’industrie. Avant l’indépendance italienne, on a vu, mêlés à ses plus nobles enfants, qui erraient dans toutes les parties du monde, des traîtres et des infâmes ; chaque gloire a son ombre, chaque malheur a son ironie.

Le Polonais en question était comme un froissement perpétuel pour ses irréprochables compatriotes : il se croyait un grand génie, et comme tous ceux qui affirment si résolûment leur génie, il n’avait pas même du talent.

Sa prétention était de ressembler aux artistes de la Renaissance et d’être à la fois peintre, musicien et poëte ; il rimait en vers français des élégies pour toutes les femmes ; leur roucoulait des romances, réminiscences des opéras nouveaux, et