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voulez qu’on croie à la vérité de votre amour, répliqua ironiquement le poëte. »

Malheur à la bourgeoise ou à la femme artiste, vivant de peu ou de son labeur, qui se permet d’imiter Marthise. Ne pouvant, comme elle, donner le superflu, elle est contrainte de donner le nécessaire à celui auquel elle rive sa vie. Si c’est une humble bourgeoise, son épargne y passe, et bientôt elle est sur la paille. Si c’est une femme artiste, elle est forcée à un double travail pour nourrir son Petit Monsieur. Elle doit se refuser une robe pour qu’il ait un habit, se priver d’un chapeau pour qu’il aille en voiture, boire de l’eau pour lui fournir des vins fins et des liqueurs.

Tandis qu’elle court le cachet par les matinées glaciales, il reste endormi et dorlote sa paresse. À l’heure où elle prépare elle-même le dîner qu’il viendra partager, il se promène en fumant, puis