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bords du Rhin ; elle verse ces douceurs sur sa vie en doses régulières, rares et restreintes. On sent en elle la ménagère économe et rangée. Aurélien se soumet à cette discipline qu’il a tenté vainement d’enfreindre ; il est à l’affût des circonstances pour faire des brèches au mur chinois qui l’enserre, il compte sur l’âge sénile et peut-être sur l’héritage. Il sait gré à Marthise de sauvegarder ce qu’il nomme sa dignité ; il n’est pas sa chose ; il est libre, il vit de son travail, il est honoré ! Son amour est sans alliage, indépendant, désintéressé ; s’il aime Marthise, c’est qu’elle lui plaît et qu’elle est préférable à toute autre.

Il disait un jour à un poète satirique de sa connaissance : « Balzac l’avait pressenti et d’autres l’ont proclamé ; il n’y a de désirable que les femmes de cinquante ans ! pour moi, je ne saurais les aimer plus jeunes.

» — En ce cas-là, aimez-les pauvres, si vous