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s’affaiblissait ; ses langueurs le remplissaient d’épouvante ; il devait veiller comme un frère sur cette vie si fragile et si chère.

Il disait vrai, Béatrix se mourait.

Le déclin se transforme en soudaine vieillesse dans ces liaisons malsaines où l’intéressé n’assure son empire que par des agitations délétères qui tuent à l’âge où l’apaisement doit régner. Malheur à la femme qui n’ayant pas aimé à vingt ans commence à goûter à l’amour à quarante ! elle y détraque sa raison et y alanguit tout son être.

L’amour est une liqueur capiteuse qui exige, pour n’être pas mortelle, toute la vigueur de la jeunesse.

Béatrix mourut de son insalubre et tardif amour. On lui fit des obsèques magnifiques, et, lorsqu’on ouvrit son testament, Paul se trouva l’héritier unique de près de trois millions. Pas un ami, pas un comparse bienveillant de ce