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applaudisseur, le plus empressé, le plus facile des dilettanti ; fort insouciant, très-peu puritain, nullement scrutateur, toujours alléché par les surfaces attrayantes, il ne s’informe guère de ce qui grouille au-dessous ; il veut qu’on l’amuse et qu’on repaisse à toute heure ses vanités et ses appétits. La pauvreté l’ennuie, l’austérité le glace ; ce sont deux négations sociales qui lui font horreur, deux maladies dont il se tient à distance, deux duperies dont se moque son esprit ; il ne s’enquiert jamais de la moralité de ceux qui le divertissent. Cette belle parole de Mme de Lambert : « Je ne souhaite pas pour vous, mon fils, une grande fortune, il y a si peu de grandes fortunes innocentes ! » lui semble une maxime pédante ; il lui préfère ce mot de Vespasien : « L’argent n’a pas d’odeur. »

Paul recruta donc, sans trop de difficulté, des spectateurs au nouveau théâtre où s’exerçaient