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CES PETITS MESSIEURS.

Béatrix dit à Paul de profiter de la solitude du lieu pour lui confier ses chagrins.

— Est-ce que je me souviens quand vous êtes là, répliqua-t-il, de la femme qui a trompé ma jeunesse, femme indigne qui a pu me préférer un de ces matérialistes italiens qui procèdent en amour sans préambule ! Une figure supérieure efface la sienne aujourd’hui ; c’est celle de cette Suzanne ; regardez ! elle vous ressemble ; et ces deux vieillards qui la font frissonner figurent pour moi Élie et le vicomte.

Béatrix sourit à cette phrase triplement et habilement combinée : déprécier une femme qu’on n’aime plus flatte celle à qui l’on veut plaire ; comparer à une beauté accomplie, idéalisée par le génie d’un peintre, une beauté mûre et fanée, c’est distiller une douceur alléchante ; traiter de vieillards un mari et surtout un amant, c’est un défi à l’orgueil féminin ; car, attester ce qu’elle