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DANAË MALE.

était remonté dans son char aux essieux d’or, au timon d’argent. Plus de créanciers implacables, plus de libraires rébarbatifs, plus de directeurs de revues dédaigneux. Les marchands lui offraient un crédit illimité. Élie publiait volume sur volume, son nom retentissait dans toute la presse. Il créait lui-même des journaux où Béatrix essayait ses instincts littéraires. Comme c’était elle qui faisait rouler le char, il était bien juste qu’elle y montât ; sa dot graissait les roues. Dot énorme, qu’alimentait sans cesse la mort de quelque vieux parent.

Elle avait rêvé de ressusciter le salon des Geoffrin et des Du Deffand, voire même de rivaliser avec celui de l’Abbaye au Bois.

Mais, pour former un de ces centres d’esprit, il ne suffit pas de la fortune ; pour être la clef de voûte de ces pierres glissantes et fragiles, les superposer, les joindre et les assimiler sans