Page:Revilliod - Portraits et croquis, tome 2, 1883.pdf/409

Cette page n’a pas encore été corrigée
399
ET JULISKA.

ET JULIŞKA. 399

raison ; dans son idée, elle se regardait comme ma femme et m’assura qu’elle détestait son mari ; sur quoi me prenant par la main, elle me conduisit à un berceau où reposait un nonveau né : « Tiens, me dit «  elle, voilà ton fils ; je te l’enverrai dès qu’il n’aura « plus besoin de mes soins ; promets-moi de le recon< naître pour ton enfant légitime et de le traiter < comme si j’étais devenue ta femme, suivant la coue tume de ton peuple. > « Je donnai à Mira ma main en signe de promesse, et tu vois que je suis prêt à tenir ma parole. Pourquoi ne t’a-t-elle pas envoyé l’enfant, ainsi qu’elle te l’avait promis ? demanda Mihal avec une visible sympathie. Comment ton fils est-il arrivé depuis à Temeswar, et qu’est-ce qui te fait croire que Gyula est ton fils ?

— J’attendis une année, puis une autre, continua Pal ; mais personne ne venant m’amener mon fils, je retournai à Temeswar, à la cabane où j’avais parlé à Mira. La cabane était brûlée et âme qui vive ne put dire ce qu’était devenu Juros. J’entrai alors dans un désespoir tel que je jurai, si je retrouvais jamais le Bohémien, qu’il ne sortirait pas vivant de mes mains, car, pensais-je, si l’enfant est mort, Mira me l’aurait fait dire. J’imputais la faute de ce qui était arrivé à Juros et allais reprendre le chemin de mon logis, quand une femme malade, tout enveloppée de haillons, vint à moi et s’arrêta soudain. Je ne l’aurais pas reconnue tant elle était changée : cette pauvre Bohémienne si misérable, c’était Mira. « Elle me raconta ce qu’elle avait souffert, et quand je lui demandai ce qu’était devenu mon fils, elle se prit à pleurer. Elle me dit que c’était Juros qui avait mis le feu à sa cabane, où, suivant son dire, l’enfant