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AURÈLE ROBERT.

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devant nos yeux les tâches que Dieu lui-même nous a données. >

A ces maximes d’un sens si pieux correspondaient les traits d’une modestie vraiment enfantine ; elle caractérisa toute la vie d’Aurèle Robert. Outre les prix qu’il demandait de ses euvres, si minimes que souvent les amateurs y ajoutaient, son talent était de sa part l’objet d’une constante critique. C’est ainsi qu’il écrivait de Zurieh en 1850 : Aujourd’hui dimanche, première visite à l’exposition, qui est très abondamment pourvue. Les tableaux des autres me paraissent toujours magnifiques, les miens détestables ; en vérité, j’ai honte. » Et douze années après : Je prie souvent Dieu qu’il vous accorde son aide puissante, à vous qui êtes ce que j’ai de plus cher, et si je souhaite de modestes succès, c’est dans l’espérance qu’ils profitent à ma famille. Mais s’ils ne devaient pas m’être accordés, ce que je sais, c’est que le bon Père estime qu’ils ne me seront point utiles ; sa volonté sera que nous devons plutôt nous cireonscrire et regarder en nous avec plus de modération, avec moins de cette confianee qu’on n’est que trop disposé à mettre en soi et dans ses propres forces. Quand nous avons fait tout ce que nous pouvons et tout ce que nous devons, eh bien, alors, regardons avec confiance à Celui qui veut véritablement notre bien. » ot

Sans égard à son travail et à sa peine, Aurèle Robert avait l’habitude d’effacer des parties entières de ses tableaux, sur lesquelles il croyait qu’avaient été portés des jugements douteux, et quand on lui demandait comment il ferait ensuite pour rendre nne seconde fois les finesses infinies de la perspective aérienne, il répondait : « Je peins juste comme je vois. » Plus tard (en 1870) il écrivait à son fils Paul, st

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