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tant des élans plus élevés, plus sensibles, plus purs même que les élans d’autrefois, accords d’une lyre qui, ayant tout à l’heure achevé de vibrer sur la terre, va s’en aller vibrer aux cieux. Nous croyons ne pas en dire trop en répétant, après le grand critique, que ce dernier volume de ses chants, qu’elle dicta tout entier à son fils de son lit de douleur, restera comme le plus remarquable de son œuvre.

« C’est, » dit Sainte-Beuve, « la douleur constante et son aiguillon, le travail aussi, l’avertissement de poètes plus mâles et à la grande aile, les exemples dont elle profita en émule et en sœur, un art caché qu’elle trouva moyen de mêler de plus en plus à ses pleurs et à sa voix, qui opérèrent cette transformation sensible, et qui l’amenèrent, sinon à la perfection de l’œuvre, toujours s’échappant et fuyant par quelque côté, du moins au développement et à l’entier essor des facultés aimantes et brûlantes dont son âme était le foyer. »

Peu de jours avant l’heure suprême, une joie inattendue était réservée à la malade, joie qui allait ramener un sourire fugitif sur ses lèvres, quand elle apprit que ses poésies dernières, celles qu’elle laissait, recueillies par une main filiale, grâce à une juste admiration verraient le jour dans la ville même d’où ses ancêtres étaient partis, après y avoir trouvé un glorieux refuge. Mais pourquoi, à ce propos, ne pas citer ce que nous écrivait le pieux fils de Mme Valmore ?

« 14 mars 1859. Je ne puis vous dire ici combien ma mère est touchée, au milieu des souffrances les plus vives et de l’oubli inséparable d’une longue maladie et d’une humble existence, de savoir que son livre va devoir de paraître, non à une spéculation de