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UNE FEMME POÈTE

Puis un Douaisien, M. Romain Duthilleul, lui ayant fait parvenir un bouquet de fleurs écloses à Douai sur les bords de la Scarpe, la muse lui répond soudain :

Ô mon pays ! quelle âme aimante à ton rivage

A compris qu’une fleur me parlerait de toi ?

. . . . . . . . . . . . . . . .

Sol natal ! sol natal ! dans ta suave haleine,

Dans tes parfums, la vie a comme un autre goût.

Ces poésies appartiennent à une époque postérieure de la vie de Mme Desbordes-Valmore, nous nous sommes attardé à en citer des fragments ; peut-être aurions-nous mieux dû les réserver, n’anticipons pas. Ce que nous avons voulu, c’est montrer le souvenir vif, profond, toujours présent, que garda la femme aux lieux où s’était écoulée son enfance ; elle a fait, dans le conte des Petits Flamands, une description de la maison paternelle que nous ne résistons pas au plaisir de rappeler.

Reportons-nous avec l’auteur à l’année 1798, deux ans après la naissance de Marceline. Devant nous, qui venons de la place d’armes de Douai, s’ouvre largement, à l’est, la rue Notre-Dame. Sur le rang de droite, au-dessus de la porte d’une vieille hôtellerie, une enseigne aux vives couleurs attire tout d’abord nos regards : c’est une enseigne qui représente un superbe sauvage à la figure tatouée et terrible ; la tête est empanachée de grandes plumes blanches ; l’image a été fraîchement repeinte par les soins de l’hôtelier, une véritable pourtraicture; pour les petits garçons et les petites filles, un objet en même temps d’effroi et d’admiration.

L’hôtelier de l’Homme sauvage, comme dit le po-