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Lorsqu’après de longs bruits un lugubre silence,
Offrant de Pompeï la morne ressemblance,
Immobilisait l’âme aux bonds irrésolus ;
Quand Lyon semblait morte et ne respirait plus ;

Je ne sais à quel arbre, à quel mur solitaire,
Un rossignol caché, libre entre ciel et terre,
Prenant cette stupeur pour le calme d’un bois,
Exhalait sur la mort son innocente voix !

Je l’entendis sept jours au fond de ma prière ;
Seul requiem chanté sur le grand cimetière :
Puis, la bombe troua le mur mélodieux,
Et l’hymne épouvantée alla finir aux cieux !

Ainsi chantait la grande femme poète sur les ruines de la cité en armes, quand elle trouva à son retour une lettre, qu’à sa tournure, à son écriture, elle dut fort vite reconnaître pour être l’élucubration d’un écolier ; cette femme si bonne, elle daigna y faire le plus gracieux accueil ; elle ne se doutait guère, que ces quelques lignes échappés à sa plume et à l’indulgence de son âme de poète allaient déterminer une vocation.