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D I A L O G V EI.

bouzade, & à ſon gauche, l’aiſné des Pruneaux. Ils furent fort esbahys & eſperdus, & tous ceux qui eſ‍toyent en la compagnie.
L’Amiral ne dic‍t iamais autre choſe, ſinon qu’il mõſ‍tra le lieu d’où on luy auoit tiré le coup, & où les balles auoyent donné : priant le capitaine Pilles, qui ſuruint là, auec le capitaine Monins, d’aller dire au Roy ce qui luy eſ‍toit aduenu : qu’il iugeaſ‍t quelle belle fidelité c’eſ‍toit (l’entendant de l’accord fait entre luy, & le duc de Guyſe.)
Vn autre gentil homme voyant l’Amiral bleſſé, s’approcha de luy, pour luy ſouſ‍tenir ſon bras gauche, luy ſerrant l’endroit de la bleſ‍ſeure auec ſon mouchoir : le ſeigneur de Guerchy luy ſouſ‍tenoit le droic‍t & en ceſ‍te façon fut mené à ſon logis, diſ‍tant de là enuiron de ſix vingts pas : En y allant, vn gentil-homme luy dit, qu’il eſ‍toit à craindre que les balles ne fuſ‍ſent empoiſonnees : à quoy l’Amiral reſpondit, qu’il n’auiẽdroit que ce qu’il plairoit à Dieu.
Soudain apres le coup, la porte du logis d’où l’arquebouzade auoit eſ‍té tiree, fut enfoncee par certains gentils-hommes de la ſuite de l’Amiral. L’arquebouze fut trouuee, mais non l’arquebouzier : ouy bien vn ſien laquais, & vne ſeruãte du logis : l’arquebouzier s’en eſ‍toit ſoudain enfuy par la porte de derriere, qui ſort ſur le cloiſ‍tre de ſainc‍t Germain l’Auxerrois : où lon luy gardoit vn cheual preſ‍t, garni de piſ‍toles à l’arçon de la ſelle : ſur lequel eſ‍tant eſchappe, il ſortit hors de la porte ſainc‍t Antoine, où ayant trouué vn cheual d’Eſpagne

qu’on luy tenoit en main, deſcendit du pre-

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