Page:Reveille-matin des François, 1574.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
38
D I A L O G V EI.

la mort-Dieu, Madame, ce répliqua il, ie les vous mettray tous au filé, ſi vous me voulez laiſ‍ſer faire.
Vous vous trompez, ſi vous croyez qu’vn Roy ou Prince permette iamais, que ſon vaſ‍ſal ou ſuiet, qui s’eſ‍t vne fois eſleué en ligue contre ſa volonté (pour quelque occaſion que ce ſoit, iuſ‍te ou iniuſ‍te) vſe & iouiſ‍ſe de la faueur des loix. Penſez pluſ‍toſ‍t que cecy eſ‍t engraué dãs le cœur des rois & des Princes, de venger par les armes, ce qu’ils eſ‍timent auoir eſ‍té fait contr’eux par les armes.
Faites voſ‍tre compte, que ce que les Rois & Princes (qui ne regardent à la conſciẽce) penſent auoir fait par crainte ou neceſsité, ils ſe diſpenſent de le rompre, ſoudain que l’vne ou l’autre de ces deux occaſions ceſ‍ſent : & tienent pour maximes d’eſ‍tat, qu’il ne faut point garder les conuentions, faites par le prince, à ſes ſuiets armez : Que pour regner, il eſ‍t loiſible de violer la loy, & que lon peut piper les enfans auec paroles & promeſſes, & tromper les hommes auec des iuremens ſolennels. C’eſ‍t leur caballe : ce ſont leurs loix inuiolables, qu’ils n’oſent outrepaſ‍ſer, ſe ſouciant biẽ peu ou rien, de la force faite à toute autre loy, ſoit diuine, naturelle, ciuile, des gens, ou municipale pour eſ‍tre (ce diſent ils) ennemie de leur repos, eſ‍tat, & grandeur.
Voicy quelque traic‍t & exemple, de leurs plus rares vertus.
Antonin Commode, faiſant par fois treues auec ſes voluptez, eſquelles il eſ‍toit du tout plongé,

pour employer le temps & fuir l’oiſiueté, va-

quoit