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D I A L O G V EI.

tizans, ayans pour ce, fait faire vn voyage au Roy tout à l’entour de ſon Royaume, apres auoir pratiqué (ſous couleur de vouloir voir la Royne d’Eſpagne ſa fille) vn parlement auec le duc d’Albe à Bayonne, où elle fut auec le Roy : où auſsi la royne d’Eſpagne & le duc d’Albe ſe trouuerent, non ſans eſtroite conference, & ferme reſolution de quelque choſe d’importance, que ie ne vous puis déclarer.
Ali.
Si fay bien moy : ie ſuis contente de le vous dire. La Royne mere comme perſonne curieuſe, ayant interrogué Noſ‍tradamus (qui ſe meſ‍toit de predire les choſes futures) de ce qui aduiendroit à ſes enfans : & ayant ouy qu’elle les verroit tous trois Rois, croyant par trop à ſes paroles, & doutant s’ainſi aduenoit qu’elle ne fuſ‍t rẽuoyee à Florence, pour voir ſes parens & amis, & ne ſachant quel parti prendre (tout ainſi qu’elle voyoit la force des eſ‍tats pieçà ſupprimee & la loy Salique, touchant le gouuernement, qui eſ‍toit tombé en quenouille, violée) penſant que pour la ſucceſsiõ du Royaume elle en pourroit bien faire autant : promit & iura au duc d’Albe, de faire tomber la couronne de France, ſur la teſ‍te de ſa fille aiſnee, & par conſequent du roy d’Eſpagne, pour ſe le rendre bon patron & garant, au cas que ſes enfans mouruſ‍ſent : Mais le duc d’Albe ne la pouuant legerement croire, voulut pour confrmation de ce faic‍t, que la Royne mere luy promiſ‍t cependant, de rompre & caſ‍ſer l’Edic‍t de pacification, & d’oſ‍ter aux Huguenots tout ce qu’ils

auoyent de liberté de conſcience, & d’exercice de

religion