la defendent.
Mais ce qui ſe fait tous les iours deuant nos
yeux, en noſt re France. Qu'un homme maſt ine
cent mille villes, & les priue de leur liberté, qui
le croiroit, s’il ne faiſoit que l'ouyr dire, & non le
voir? Et s’il ne ſe voyoit qu’en pays eſt range, &
lointaines terres, & qu'on le diſt , qui ne pẽſeroit
que cela ne fuſt pluſt oſt feint ou trouué, que non
pas veritable ? Encores ce ſeul Tyran, il n'eſt pas
beſoin de le combatre, il n'eſt pas beſoin de le
deffaire, il eſt de ſoy-meſme desfait : mais que le
pays ne conſente pas à ſa ſeruitude : il ne faut pas
luy oſt er rien, mais ne luy donner rien : il n’eſt pas
beſoin, que le pays ſe mette en peine de faire riẽ
pour ſoy, mais qu'il s'eſt udie à ne rien faire contre
ſoy.
C'eſt donques le peuple meſme, qui ſe laiſſ e,
ou pluſt oſt ſe fait gourmander, puis qu’en ceſſant
de ſeruir, il en ſeroit quitte.
C'eſt le peuple qui s’aſſ eruit, qui ſe couppe la
gorge : qui ayant le choix, ou d’eſt re ſerf, ou d'eſt re libre, quitte ſa franchiſe, & prent le ioug, &
pouuant viure ſous des bonnes loix, & ſous la
protect ion des Eſt ats, veut viure ſous l'iniquité,
ſous l'oppreſſ ion & iniuſt ice au ſeul plaiſir de ce
Tyran. C'eſt le peuple qui conſent à ſon mal, ou
pluſt oſt le pourchaſſ e : s'il luy couſt oit quelque
choſe à recouuurer ſa liberté, ie ne l'ẽ preſſ erois
point : combiẽ qu’eſt ce que l’homme doit auoir
plus cher, que de ſe remettre en ſon droit naturel,
& par maniere de dire, de beſt e reuenir
homme?