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D I A L O G V EI I.

la defendent.
Mais ce qui ſe fait tous les iours deuant nos yeux, en noſ‍tre France. Qu'un homme maſ‍tine cent mille villes, & les priue de leur liberté, qui le croiroit, s’il ne faiſoit que l'ouyr dire, & non le voir? Et s’il ne ſe voyoit qu’en pays eſ‍trange, & lointaines terres, & qu'on le diſ‍t, qui ne pẽſeroit que cela ne fuſ‍t pluſ‍toſ‍t feint ou trouué, que non pas veritable ? Encores ce ſeul Tyran, il n'eſ‍t pas beſoin de le combatre, il n'eſ‍t pas beſoin de le deffaire, il eſ‍t de ſoy-meſme desfait : mais que le pays ne conſente pas à ſa ſeruitude : il ne faut pas luy oſ‍ter rien, mais ne luy donner rien : il n’eſ‍t pas beſoin, que le pays ſe mette en peine de faire riẽ pour ſoy, mais qu'il s'eſ‍tudie à ne rien faire contre ſoy.
C'eſ‍t donques le peuple meſme, qui ſe laiſ‍ſe, ou pluſ‍toſ‍t ſe fait gourmander, puis qu’en ceſſant de ſeruir, il en ſeroit quitte.
C'eſ‍t le peuple qui s’aſ‍ſeruit, qui ſe couppe la gorge : qui ayant le choix, ou d’eſ‍tre ſerf, ou d'eſ‍tre libre, quitte ſa franchiſe, & prent le ioug, & pouuant viure ſous des bonnes loix, & ſous la protec‍tion des Eſ‍tats, veut viure ſous l'iniquité, ſous l'oppreſ‍ſion & iniuſ‍tice au ſeul plaiſir de ce Tyran. C'eſ‍t le peuple qui conſent à ſon mal, ou pluſ‍toſ‍t le pourchaſ‍ſe : s'il luy couſ‍toit quelque choſe à recouuurer ſa liberté, ie ne l'ẽ preſ‍ſerois point : combiẽ qu’eſ‍t ce que l’homme doit auoir plus cher, que de ſe remettre en ſon droit naturel, & par maniere de dire, de beſ‍te reuenir

homme?

Mais